Correspondance entre le CICNS et la MIVILUDES

Le CICNS a tenté de communiquer avec la MIVILUDES de 2005 à 2007, sous la présidence de M. Langlais et de M. Roulet. Nous avons interrompu cette communication depuis l'arrivée de M. Fenech.

Le CICNS a fait parvenir à la MIVILUDES, le 10 avril 2007, un important dossier rassemblant une partie des discriminations et violences subies par les minorités spirituelles en conséquence de la campagne antisectes menée depuis 25 ans en France. Le flot de ces discriminations a très largement submergé celui des "victimes de sectes" dont les médias et les activistes antisectes font leurs choux gras. M. Jean-Michel Roulet, Président de la MIVILUDES, en a accusé réception le 25 avril dernier.

Monsieur Jean-Michel Roulet
Président de la MIVILUDES
66 rue de Bellechasse
75007 - Paris

Montpezat de Quercy, le 10 avril 2007

Objet : Dossier " discriminations " du CICNS

Référence : CICNS/miv/n°10

Monsieur le Président,

Lors de notre rencontre du 24 octobre 2006, nous avons évoqué avec vous la question des discriminations et autres dérives subies par les personnes ayant fait un choix alternatif spirituel. Vous aviez mentionné être intéressé par cette question.

Nous joignons donc à ce courrier un dossier qui vous donnera un aperçu de ces discriminations ; ce dossier est régulièrement mis à jour au fur et à mesure des affaires qui sont portées à notre connaissance. Dans le cas où vous n'auriez pas eu l'occasion de lire nos dernières lettres électroniques, nous nous permettons de vous préciser le lien Internet de l'interview de la communauté de la Balme : Balme_1.htm qui illustre parfaitement la violence que peuvent subir des personnes choisissant un mode de vie alternatif. Nous enregistrons d'ailleurs de plus en plus de cas d'enfants traumatisés par les assauts de gendarmerie comme celui-ci. Une telle situation devrait vous alerter dans le contexte d'une enquête sur les sectes et l'enfance menée par une commission parlementaire récente.

Nous vous remercions de l'attention que vous aurez bien voulu porter à ce courrier et vous prions d'agréer, Monsieur le Président, nos salutations distinguées.

Pour le CICNS, le Président

Eric Bouzou

 


Lettre adressée à Jean-Michel Roulet à la suite de la parution du rapport 2006 de la MIVILUDES, dans lequel le CICNS est mentionné dans un contexte sans rapport avec son action : le lobbying contre les copyright !

Monsieur Jean-Michel Roulet
Président de la MIVILUDES
66 rue de Bellechasse
75007 - Paris

Montpezat de Quercy, le 26 janvier 2007

Objet : La mention du CICNS dans le rapport 2006 de la MIVILUDES

Référence : CICNS/miv/n°9


Monsieur le Président,

Nous venons de prendre connaissance du rapport 2006 de la MIVILUDES au sujet duquel nous publierons un commentaire général sur notre site.

L'objet de cette lettre est d'évoquer un point particulier de ce rapport, p 78, où vous affirmez : "Le CICNS mène campagne depuis quelques mois pour la libéralisation du droit de propriété intellectuelle" et "la cible principale du CICNS est le droit d'auteur".

Ces affirmations sont fausses et grotesques et démontrent une fois de plus, s'il en était besoin, comment sont "utilisés" et "manipulés" des éléments d'information pour donner corps aux thèses que soutient la mission.

La citation de notre site reproduite dans votre rapport n'est du reste pas un texte du CICNS mais un article d'un auteur américain qui nous a paru intéressant pour interpeller les lecteurs sur l'utilité d'une information partagée "équitablement" (fair use). Cette page est la seule sur ce sujet sur les 750 que comporte notre site. C'est dire si notre "militantisme" est modeste concernant le copyright.

Nous n'avons aucun doute que tout internaute désireux de s'informer et "de bonne foi", ce qui à l'évidence n'est pas le cas de votre rédacteur, saura trouver à la lecture de notre site une analyse incontournable sur la question de la place des minorités spirituelles en France, sans lien aucun avec le thème de la propriété intellectuelle.

Néanmoins, parce que votre mission a une audience médiatique naturelle, les fausses informations que vous produisez dans votre rapport sont reprises et diffusées par les médias et véhiculent une appréciation biaisée sur notre association, ce qui est certainement l'intention.

Vous ne pouvez ignorer les effets de la rumeur et de la désinformation puisque le discours anti-sectes, extrême tel qu'il existe en France, est fondé sur l'application systématique de la rumeur à l'égard des nouvelles spiritualités. Les amalgames que vous faites à notre sujet nous assimilent d'ailleurs à une activité sectaire, puisque toute analyse contraire à la vôtre est automatiquement accusée de sectarisme : c'est là une curieuse conception du débat démocratique.

Nous étudions attentivement les moyens à notre disposition pour répondre à cette désinformation.

Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président, nos salutations distinguées.

Eric Bouzou, Président du CICNS


Compte-rendu de la rencontre entre le Président de la MIVILUDES, le Président et la Porte-parole du CICNS

Paris, le 24 octobre 2006

Ces échanges ont abouti à une rencontre avec Monsieur Jean-Michel Roulet qui a accepté de nous recevoir à son bureau le 24 octobre 2006. Nous avons rencontré une personne courtoise et à l'écoute. Il y a cependant de profondes divergences sur les questions de fond (la certitude de la MIVILUDES qu'il existe des victimes de mouvements à caractère sectaire et celle du CICNS qu'il existe surtout des victimes de la campagne antisectes ne se rejoignent pas. On pourrait croire, à l'écoute du président de la MIVILUDES, qu'il juge les dommages collatéraux inévitables dans une guerre juste contre les mouvements dits sectaires). Nous avons indiqué que, selon nous, la thèse du fléau social que constituaient les dérives sectaires n'était fondée ni sociologiquement ni juridiquement. Monsieur Roulet pense le contraire.

Il y a également eu une première interprétation un peu épidermique de nos propos jugés "discourtois" par Monsieur Roulet, alors qu'une lecture dépassionnée pouvait révéler notre intention d'équilibrer un débat jusque-là partial et que notre fermeté est à la mesure de la difficulté de se faire entendre. M. Roulet a tenté de nous démontrer que très peu de minorités spirituelles étaient concernées par la chasse aux dérives sectaires et nous disait ignorer que certains groupes inoffensifs étaient victimes de cette campagne. Les nombreux exemples de diffamations, d'amalgames et même de traumatismes d'enfants soumis à des assauts de gendarmerie par exemple (alors qu'une commission d'enquête "sectes et enfance" est en cours) ne semblent pas avoir entamé la conviction de notre interlocuteur.

Mais il a cependant manifesté le désir que son action soit juste et a accepté d'être mis au courant de telles situations. Nous attendons donc d'en faire le constat lors de ses prochaines interventions. Le CICNS s'est présenté comme un interlocuteur sur ce sujet de société pour lequel les sources sont trop unilatérales dans un pays démocratique. Nous n'avons reçu aucune promesse dans ce sens mais la MIVILUDES ne peut plus ignorer les informations que nous lui ferons parvenir régulièrement. Les rapports annuels de la MIVILUDES, contenant certains propos que nous jugeons inacceptables dans notre pays, trouveront un véritable équilibre avec le point de vue de notre association.

Affaire à suivre...


Réponse de M. Jean-Michel Roulet, président de la Miviludes

N° 620

Paris, le 30 août 2006

Madame,

J'ai l'honneur d'accuser réception de votre courrier de demande de rendez-vous du 22 août 2006.

Je note qu'il y a moins d'un an, vous aviez déjà exprimé le souhait de me rencontrer et que j'en avais accepté le principe dès lors que j'aurais eu le temps de m'installer à la MIVILUDES.

Peu après, votre organisation m'avait envoyé une lettre fort discourtoise me faisant savoir qu'à la suite des premières mesures que j'avais été amené à adopter, toute demande de rendez-vous lui paraissait inutile.

Cela dit, la MIVILUDES ne renonce jamais au dialogue et je vous rencontrerai donc soit le mardi 24 octobre à 16 heures, soit le mercredi 8 novembre à 15 heures. Je vous remercie de faire savoir à mon secrétariat laquelle de ces dates vous convient.

Je vous prie d'agréer, Madame, l'hommage de ma considération distinguée.

Jean--Michel ROULET
Préfet


Monsieur Jean-Michel Roulet
Président de la MIVILUDES
66 rue de Bellechasse
75007 - Paris


Montpezat de Quercy, le 22 août 2006

Objet : Sollicitation pour une rencontre

Référence : CICNS/miv/n°8

Monsieur le Président,

Comme votre secrétariat nous l'a confirmé lors de notre échange téléphonique, notre association est connue de vos services. Vous pourrez cependant trouver toute information utile à notre sujet sur notre site Internet à l'adresse www.cicns.net.

Notre association est née du constat que les orientations et pratiques spirituelles sont, en France et depuis plusieurs années, mises à mal par les amalgames tendancieux d'une croisade discriminatrice envers les nouvelles expressions de la recherche spirituelle. Ce constat n'a pas évolué dernièrement et nous avons connaissance, presque quotidiennement, des effets d'une répression sans grand discernement à l'encontre de personnes et de mouvements inoffensifs et souvent de grande valeur.

Nous pensons que notre action doit être fondée sur le dialogue. C'est pourquoi nous souhaiterions obtenir un rendez-vous avec vous afin de vous présenter notre approche tout à fait rationnelle de la situation. Il nous semble aujourd'hui que notre association est en fait le meilleur allié de la MIVILUDES, en ce sens qu'elle s'attache à fournir une information fiable, dépassionnée, directe et donc honnête sur les minorités spirituelles.

Dans l'attente de pouvoir partager avec vous un autre regard sur les minorités spirituelles en France, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Président, l'expression de nos salutations respectueuses.

Marie-Christine Koenig

Porte Parole du CICNS
contact@cicns.net
www.cicns.net


Copie de la lettre adressée à M. Jacques Chirac, président de la République, établissant un parallèle entre l'affaire Clearstream et les rumeurs propagées par les pouvoirs publics au sujet des minorités spirituelles. Envoyée à M. Jean-Michel Roulet.


A l'attention de Monsieur Jacques Chirac, Président de la République Française
Palais de l'Elysée, 55 rue du Faubourg Saint Honoré, 75008 - PARIS

Montpezat de Quercy, le 13 mai 2006

Objet : L'utilisation de la rumeur en France

Réf : cicns/PR/n°2

Copies : Dominique de Villepin, Premier Ministre, Jean-Michel Roulet, Président de la MIVILUDES

Monsieur le Président,

Le CICNS est une association indépendante dont l'objet est d'équilibrer le débat sur la question des nouvelles spiritualités en France. Nous avons eu l'honneur, lors d'un précédent courrier, de vous présenter notre action. Notre site vous en donnera de plus amples informations : www.cicns.net.

Quelques événements récents appellent une réflexion de fond sur les méfaits des rumeurs et les dangers qu'elles font courir à l'ensemble de la société.

- L'affaire d'Outreau a conduit à une commission d'enquête dont un des objectifs est de comprendre et de prendre les mesures adéquates pour, sinon supprimer, du moins limiter au maximum les effets dévastateurs d'allégations sans fondement, de rumeurs à l'encontre des citoyens justiciables. Alors que cette affaire aurait dû conduire à une prise de conscience nationale et à une évolution des comportements, on s'aperçoit qu'il n'en est rien. Deux exemples suffiront à l'illustrer.

- Le Rapport 2005 de la MIVILUDES, dans la lignée des rapports précédents, entretient une psychose à l'encontre des nouvelles spiritualités. La dangerosité des nouvelles démarches spirituelles et de santé, affirmée sans preuves, et le danger qu'elles feraient courir à la République sont des rumeurs qui datent des années 80. Aucune étude sociologique sérieuse d'envergure ni aucune analyse statistique et juridique ne permet aujourd'hui de dire que les "dérives sectaires" constatées soient une menace pour la société française, qui serait une des seules nations européennes à en être la cible.

- La récente affaire Clearstream montre comment la rumeur peut déstabiliser une grande partie de l'exécutif et des responsables politiques.

Ce qui différencie ces trois affaires est le traitement qu'elles reçoivent. L'affaire d'Outreau a finalement initié une réflexion de fond (le sera-t-elle ?) sur les fonctionnements de la justice ; l'affaire Clearstream génère une grande activité médiatique et juridique pour mettre fin aux rumeurs et éclaircir la situation.

Les minorités spirituelles, elles, continuent d'être discriminées dans l'indifférence générale et qui plus est sous le prétexte de la défense des droits de l'homme et de l'enfant (nous joignons un communiqué de presse du CICNS qui donne trois exemples parmi une multitude d'autres). Le consensus de l'échiquier politique sur cette question devrait interpeller, plutôt que réjouir, les principaux protagonistes. Lorsqu'on est d'accord à l'unanimité pour mettre au banc de la société une partie importante de la population, comment peut-on espérer la cohésion sociale ?

" Ce n'est pas en entrant dans la logique des boucs émissaires que nous ferons grandir notre démocratie. (...) Rien ne sert jamais de hurler avec les loups ! " Comme ces mots de M. de Villepin, premier ministre dont dépend la MIVILUDES, seraient justes et bons s'ils s'appliquaient non seulement à l'affaire qui le concerne mais à toutes celles des minorités spirituelles de notre pays.

Il est important que nos élus donnent l'exemple. Au-delà de la responsabilité personnelle dans "les affaires", dont nous ne nous ferons pas les juges, aucun d'entre eux ne devrait, au cours de son mandat, s'autoriser des comportements qui ne font pas la promotion du respect de l'autre et d'une vision tolérante et altruiste de nos concitoyens. Sans cela, il n'est pas surprenant que le pouvoir perde de son crédit.

Nous vous remercions de l'attention que vous aurez bien voulu porter à ce courrier et vous prions de croire, Monsieur le Président, en l'assurance de notre haute considération.

Eric Bouzou

Président du CICNS


Lettre à M. Jean-Michel Roulet au sujet du Rapport 2005 de la MIVILUDES

Montpezat de Quercy le 28 avril 2006

Objet : Commentaires du CICNS sur le rapport 2005 de la Miviludes

Réf : CICNS/miv/n°7

Copie à Monsieur Dominique de Villepin, Premier Ministre

Monsieur le Président,

Nous vous prions de trouver ci-joint les commentaires que la lecture du rapport 2005 de la Miviludes nous a inspirés.

Espérant que ce document retiendra votre attention,

Veuillez agréer Monsieur le Président, l'expression de nos salutations distinguées.

Eric BOUZOU

Président du CICNS

Voir le commentaire du CICNS sur le Rapport 2005 de la MIVILUDE


Lettre adressée à Jean-Michel Roulet, président de la Miviludes, pour retirer notre demande d'entrevue, à la suite du départ de Nathalie Luca, ce départ ayant pour motif le durcissement de la politique de répression contre les "dérives sectaires".

Monsieur Jean-Michel Roulet
Président de la Miviludes
66 rue de Bellechasse
75007 - Paris

Montpezat de Quercy, le 20 décembre 2005

Objet : Le départ de Nathalie Luca du Conseil d'Orientation de la MIVILUDES

Réf : cicns/miv/n°6

Copies : Monsieur Jacques Chirac, Président de la République
Monsieur Dominique de Villepin, Premier Ministre
Monsieur Nicolas Sarkozy, Ministre de l'Intérieur

Monsieur le Président,

Nous vous avons sollicité dernièrement pour un entretien, afin d'évoquer le traitement des nouvelles spiritualités ou nouveaux mouvements religieux comme préfèrent les appeler les sociologues.

Comme nous vous l'avons déjà présentée, notre action vise à équilibrer l'information et le débat sur cette question et nous sommes attentifs à tout signe de progrès dans ce domaine.

Or, nous venons d'apprendre (Le Monde 19/12/05) que Nathalie Luca chargée de recherche à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) vient de quitter le conseil d'orientation de la Mission parce qu'elle refuse d'être liée "à un prévisible durcissement de la position de la MIVILUDES". L'accord de coopération entre la MIVILUDES et l'EHESS a été suspendu.

Cette information est très préoccupante dans la mesure où, selon nous, les universitaires sont les seuls contrepoids au sein de la mission dans l'évaluation du phénomène. L'autre voix étant celle des associations anti-sectes qui refusent obstinément le dialogue et s'interdisent de comprendre la place de la spiritualité dans la société.

Cette annonce nous laisse penser que la voie est maintenant libre pour une discrimination accrue. Vos propos sur le sujet semblent d'ailleurs sans équivoque. Faut-il à nouveau rappeler qu'il n'existe aucune preuve vérifiable sur la réalité du fléau social, qui sert de base à la politique de lutte contre les dérives sectaires en France ? Se séparer des universitaires est un moyen sûr d'empêcher une recherche objective sur le sujet.

Nous regrettons que les pouvoirs publics n'aient pas, au-delà des discours de façade, une attitude plus responsable sur cette question. Ce constat nous a conduit à initier une commission d'enquête citoyenne sur la liberté spirituelle en France. Il va sans dire que la proposition d'enquête parlementaire des députés membres du groupe d'étude sur les sectes à l'assemblée est pour nous l'assurance d'un débat biaisé, étant donné les propos partiaux et discriminatoires des principaux intéressés.

En ces temps de commémoration du centenaire de la loi de 1905, de la laïcité comme garantie de la liberté spirituelle, nous percevons, de façon contradictoire, une radicalisation du discours à l'encontre de la liberté spirituelle. Mettre des citoyens à l'index sans preuve de leur culpabilité n'a jamais favorisé le rapprochement et la cohésion sociale. La seule exception à ce triste tableau est la création de la commission de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics. Ces directions opposées ne sont cependant pas de nature à rendre lisible la politique du gouvernement sur le sujet.

Dans ces conditions et à moins d'un signe clair que l'ouverture et le dialogue seront les outils choisis par la MIVILUDES, nous retirons notre demande d'entrevue.

Veuillez recevoir, Monsieur le Président, l'expression de nos salutations respectueuses.

Eric Bouzou, Président du CICNS


Réponse du CICNS à Monsieur Jean Michel Roulet, Président de la Miviludes

Montpezat de Quercy, le 9 décembre 2005

Objet : Demande de rendez-vous - réponse à votre courrier du 30 novembre 2005 (495)

Réf : cicns/miv/n°5

Monsieur le Président,

Nous vous remercions d'avoir pris le temps de répondre à notre courrier et nous souhaitons, par la présente, répondre à votre demande d'éclaircissement dans la perspective d'un rendez-vous.

Nous vous prions de croire qu'il n'y a pas dans notre lettre de " charge " portée contre la politique du gouvernement en matière de prévention contre les dérives sectaires. Notre ton est résolument celui du dialogue et de la conciliation, mais nous faisons le choix de parler sans détour des questions qui nous occupent.

La longue liste des points préoccupants mentionnés dans notre précédente lettre vous donne sans doute l'impression d'un cahier de doléances un peu trop chargé et dans lequel ne se trouve aucune reconnaissance des efforts de l'Etat pour protéger ses concitoyens.

De notre point de vue, deux perceptions s'opposent sur la question des dérives sectaires. Celle des pouvoirs publics et celle des personnes qui considèrent que la politique correspondante finit par enfreindre le droit aux libertés individuelles : parmi ces personnes on compte beaucoup d'universitaires et de juristes. La première vision est largement médiatisée, la deuxième est passée sous silence ou ignorée. Et c'est là que le débat démocratique ne nous semble pas respecté.

Il ne nous paraît pas équilibré de parler de dérives sectaires sans évoquer les débordements de la politique correspondante, puisqu'ils existent (cf. nos interviews). Ignorer l'amalgame qui est fait, volontairement ou non, entre les nouvelles spiritualités et la criminalité n'est pas légitime. Ce serait feindre d'ignorer la force de la rumeur et de la diffamation. Des événements récents démontrent les effets dévastateurs que peuvent avoir des accusations infondées. Etre accusé de " secte " ou de " dérive sectaire " aujourd'hui a les mêmes conséquences sur un nombre important de citoyens français.

Notre action se place résolument dans le cadre de la loi mais d'une loi appliquée sans discrimination.

On peut dire qu'il existe deux débats aujourd'hui. Le premier est un débat de conviction, où chaque partie présente sa perception, basée sur les informations dont elle dispose. Il est nécessaire d'étayer ces convictions non sur la peur mais sur des faits précis et vérifiables. Nous constatons que la psychose plutôt que la compréhension du phénomène des nouvelles spiritualités est un ingrédient trop souvent utilisé par certains pouvoirs publics, secondés en cela par un grand nombre de médias.

Le second débat, seul à pouvoir départager les deux camps qui se sont formés sur le sujet, est celui de la preuve. Les actions de la Miviludes, et celles, particulièrement, des organisations anti-sectes soutenues par l'Etat, ne nous semblent pas aller dans le sens d'une étude objective et dépassionnée de la réalité des "sectes" en France. C'est pourquoi nous avons dû initier une Commission d'Enquête Citoyenne sur la liberté spirituelle en France. Cela n'est pas notre rôle car le Parlement aurait dû être l'initiateur d'une telle enquête. Mais le dernier rapport parlementaire sur la question a démontré l'approche superficielle des parlementaires sur ce sujet.

Les informations que nous fournissons sur notre site et les interviews que nous avons faites de sociologues et de juristes expriment une voix qui ne peut être ignorée dans ce débat. Nous vous invitons à les consulter afin de comprendre notre démarche.

Nous espérons que ces quelques précisions vous auront convaincu de notre action constructive et de notre volonté de dialoguer avec objectivité et de manière rationnelle, même si cela peut passer par une critique sans compromis de ce qui nous apparaît comme une atteinte aux libertés individuelles qu'une démocratie doit défendre à tout prix. Il est louable que l'Etat cherche à protéger ses concitoyens. Mais le principe de précaution ne devrait pas aboutir à une atteinte aux libertés.

Veuillez croire, Monsieur le Président, en l'assurance de notre haute considération,

Eric Bouzou

Président du CICNS


Lettre adressée à M. Jean-Louis Langlais, président de la MIVILUDES, avec copie à M. Jean-Pierre Raffarin, premier ministre. En-dessous, la réponse de M. Gilles Bottine, secrétaire de la MIVILUDES

Monsieur,

Nous avons le grand regret de trouver dans votre dernier rapport de 2004, à la page 54, la mention de notre association parmi les groupes à surveiller dans un paragraphe introduit par la formule "de nouvelles formes de sectarisme".

Cette attaque directe de notre association, sous forme d'amalgame, dans un rapport qui évite pourtant de dresser des listes noires, confirme que l'intention de la Miviludes et du gouvernement est bien d'éradiquer toutes les expressions qui ne font pas écho à la pensée unique sur les " sectes ".

Ce procédé ignoble qui vous permet de discréditer tous les efforts pour un débat équilibré ne passera pas inaperçu. Cette condamnation implicite de notre action civique, sans avoir pris la peine de nous rencontrer, et cela malgré notre proposition de participer aux débats, demeure dans la continuité de la campagne anti-sectes à la Française dont l'Histoire se souviendra comme l'un de ces aveuglements que subissent cycliquement les hommes depuis que le monde existe.

Les membres du CICNS sont désolés de constater qu'il est impossible aujourd'hui de participer à un dialogue démocratique sur le sujet des " sectes " et les questions essentielles que les minorités spirituelles posent à notre société.

Cordialement,

Le Président

Réponse de Gilles Bottine, secrétaire de la MIVILUDES

Monsieur le Président,

Je réponds au courrier que vous avez adressé le 3 avril 2005 au Président de la Mission Interministérielle concernant votre mention en page 54 de notre rapport d'activité 2004.

Le paragraphe que vous visez se contente de rapporter quelques observations présentées par le Centre de documentation, d'éducation et d'action contre les manipulations mentales, dans le cadre de sa contribution à notre rapport. Je vous invite à vous rapprocher de cette association.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes sentiments distingués.

Gilles BOTTINE


Lettre à Monsieur Jean Michel Roulet, nouveau président de la Miviludes, pour le féliciter de sa prise de fonction et solliciter un rendez-vous, suivie de la réponse de M. Roulet

Montpezat de Quercy, le 26 novembre 2005

Réf : cicns/miv/n°4

Monsieur le Président,

Le CICNS est une association indépendante qui porte un nouveau regard sur la spiritualité.

Nous vous adressons nos félicitations, en tant que nouveau président de la Miviludes, et nous souhaitons vous faire part de nos interrogations sur les véritables intentions des pouvoirs publics au sujet des minorités spirituelles.

Nous parlons de minorités spirituelles là où vous parlez de "sectes". Ce dernier terme véhicule aujourd'hui un amalgame entre spiritualité et criminalité. Il condamne de facto tous les mouvements qui sont regroupés arbitrairement sous ce terme.

Une circulaire de M. Raffarin de mai 2005 semblait mettre fin aux listes de mouvements étiquetés comme "dangereux". Vous dites vous-même (AFP 29 sept 2005) que la liste est "complètement caduque" mais "a permis de cerner le phénomène même si c'était de manière parfois erronée et partiellement incomplète."

Notre analyse est plutôt que la liste est sans validité dans la mesure où il n'y a pas eu d'analyse contradictoire, et que la façon de "cerner le phénomène" a fait peu de cas de l'impact produit par cette "erreur" sur les personnes qui ont subi cette discrimination.

De plus, plusieurs députés membres du groupe des sectes à l'Assemblée Nationale (MM Vuilque, Brard, Fenech) ont publié un communiqué de presse dans lequel ils précisent : " la circulaire ne préconise absolument pas d'en finir avec la liste parlementaire... Mieux encore, par cet arrêt, le Conseil d'État confirme l'intérêt " informatif " de la liste parlementaire qui reste donc une référence pour le travail de prévention et de lutte contre les dérives sectaires."

L'arsenal français de lutte anti-sectes repose sur l'hypothèse du fléau social que constitueraient les sectes, c'est-à-dire toutes les démarches spirituelles alternatives : les listes parlementaires sont en effet augmentées de listes officieuses produites par des associations comme l'ADFI qui parle de 600 à 800 mouvements sectaires. Or la MIVILUDES n'a, à ce jour, fourni aucune preuve quantitative, aucune statistique crédible et vérifiable sur l'étendue de ce prétendu fléau. Le discours repose sur une psychose entretenue sur la base du témoignage d'apostats et sans aucune précaution sur l'emploi de ces témoignages. Dans le même temps, les discriminations subies par les minorités spirituelles sont passées sous silence. Pourquoi un tel déséquilibre de l'information, largement amplifié par les médias ?

Votre propos à l'AFP 20 Sept 2005 nous interpelle également. Il semble que vous souhaitiez "avancer ne serait-ce que de cinq jugements" durant votre présidence. Serait-ce une répétition de ce qui s'est passé en 1998 lorsqu'il fallait trouver des coupables pour justifier la politique anti-sectes ? Le témoignage que nous avons recueilli (cf nos vidéos plus bas) sur l'affaire de l'Essentiel, dans l'Aveyron, date de cette période-là : une communauté de personnes paisibles a subi un assaut réservé aux pires terroristes pour justifier la mise en place d'un bouc émissaire. Qui en a parlé ? Qui est au courant de cette violence ?

La carte des sectes à Paris est pour nous un autre exemple de la psychose sans fondements qui sévit dans notre pays. Et c'est dans ce climat que certains élus de la Mairie de Paris demandent un débat public sur le sujet : comment peut-on croire qu'il puisse être équilibré dans ces conditions ?

Nous ne nions pas l'existence de délits dans les minorités spirituelles comme dans tout groupe humain, mais nous dénonçons l'amalgame qui est fait entre spiritualité et criminalité et l'absence de preuves sur laquelle repose la "lutte contre les dérives sectaires" en France. Les Pays-Bas ont eux aussi fait une étude sur les sectes. Ils ont conclu que ces groupes n'étaient pas criminogènes et qu'il n'y avait pas besoin de porter une attention particulière sur eux. Quelle particularité pourrait bien rendre ces groupes criminogènes en France ?

Nous déplorons le peu de cas qui est fait du travail de nombreux sociologues et juristes sur le sujet. La MIVILUDES a organisé des colloques prometteurs : "Sectes et laïcité", "L'avocat face aux dérives sectaires". Lorsque nous lisons les conclusions de ces colloques, il semble que le seul parti tiré de ces contributions soit au détriment du sujet traité.

Ce bilan nous a conduit à initier une Commission d'Enquête Citoyenne sur la liberté spirituelle en France : CEC.htm.

Nous vous proposons une visite de notre site www.cicns.net et en particulier de la page FAQ.htm.

Nous vous invitons également à consulter nos vidéos de sociologues, avocats, écrivains et de personnes discriminées : http://www.cicns.net/Video.htm.

Nous souhaiterions vous rencontrer pour dialoguer sur tous ces points ainsi que sur la mention de notre association dans le rapport 2004 de la MIVILUDES parmi une liste d'associations à surveiller. Nous avons eu plusieurs échanges avec Monsieur Bottine sur ce sujet. Nous lui avions fait une proposition de rencontre et il nous avait répondu (GB/DG n°266) de réitérer notre demande après votre nomination à la présidence de la MIVILUDES.

Dans l'attente de votre réponse, nous vous remercions de votre attention.

Cordialement

Eric Bouzou pour le CICNS

Réponse de M. Jean-Michel Roulet, Président de la MIVILUDES

Paris, le 30 novembre 2005

Monsieur,

J'ai pris connaissance de votre courrier du 26 novembre 2005 dont je vous remercie.

Vous exprimez le souhait de me rencontrer pour évoquer de vive voix divers sujets abordés dans votre courrier.

Je ne vous cache pas l'étonnement que suscite pour moi la charge portée dans cette lettre contre la politique du gouvernement en matière de prévention contre les dérives sectaires.

Un éclaircissement sur les faits qui motivent une telle analyse de votre part me paraît indispensable avant toute rencontre.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma considération distinguée.

Jean--Michel ROULET Préfet

 


A M. Jean-Louis Langlais, Président ; M. Gilles Bottine, Secrétaire Général Miviludes, 66 rue de Bellechasse, 75007 - Paris

1er juin 2005

Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire Général,

Le 22 avril 2005, nous vous avons adressé un courrier faisant suite à votre réponse sur le sujet de notre citation dans votre rapport 2004 en des termes qui nous apparaissent suspicieux. Selon toutes apparences, cette suspicion se base uniquement sur votre appréciation - que l'on peut qualifier de sommaire étant donné le peu d'échanges ayant eu lieu entre nous au préalable - de notre regard sur la spiritualité en France. Nous pensons que la pluralité d'opinions fait la richesse d'une démocratie, et que toute suspicion hâtive sur l'opinion de personnes qui sont d'un avis différent est une façon de nier ce droit légitime au débat. Étant néanmoins convaincus que vous êtes, comme nous, attachés à un échange contradictoire et ouvert sur le traitement des minorités spirituelles en France, nous proposons de venir vous rencontrer pour vous présenter notre action et nos objectifs.

Dans l'attente d'une précision du lieu et date de rendez-vous à votre convenance, nous vous prions, Messieurs, d'accepter nos sincères salutations.

pour le CICNS

Le Président

PS : nous mettons en copie notre dernier courrier

A lire également, sur le site du CICNS, notre commentaire du rapport 2004 de la Miviludes : http://www.cicns.net/Miviludes3.htm


22 avril 2005

Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire Général,

Votre réponse à nos remarques est décevante à plusieurs titres.

D'abord parce qu'elle tente de rendre anodine une mention qui fait partie d'un rapport issu d'un organisme gouvernemental qui a forcément un impact sur l'opinion publique. Sans comparer notre cas avec celui des nombreuses minorités spirituelles victimes de la discrimination, le procédé utilisé est à peu près équivalent à celui qui consiste à publier une liste non contradictoire de 172 mouvements en les qualifiant de sectes dangereuses, à distribuer ce rapport dans tous les ministères et administrations locales, puis à préciser par une note du Ministère de l'Intérieur que cette liste n'a pas de valeur normative en feignant d'ignorer l'impact de la rumeur sur l'opinion publique.

En deuxième lieu, il est curieux que vous déplaciez la responsabilité de ces propos vers le fournisseur de l'information. Vous publiez un rapport officiel, la moindre des choses est de vous sentir responsable de son contenu et d'apporter un minimum d'intérêt à la qualité de l'information qu'il contient.

Nous nous interrogeons toujours sur l'action unilatérale de la MIVILUDES, qui ne semble voir des dérives sectaires (le sont-elles ?) que du même côté. Nous avons pris contact avec la HALDE qui constitue aujourd'hui la meilleure proposition des pouvoirs publics pour entamer un dialogue ouvert et serein sur la question des minorités spirituelles. Nous restons cependant prêts à un dialogue avec vous sur le même sujet.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire Général, en l'expression de nos sentiments les meilleurs.

pour l'Equipe du CICNS

Le Président

PS1 : Nous mettons la HALDE en copie de toute la correspondance que nous avons avec vous.

PS2 : Nous prenons la liberté (puisque nous avons une correspondance existante) de vous envoyer notre lettre bimensuelle d'information à votre adresse mail : miviludes@miviludes.pm.gouv.fr. Il est possible de vous désabonner de cette lettre dans chacune d'entre elles mais nous sommes confiants que son contenu vous intéressera.

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