Les associations anti-sectes et les "faux souvenirs"

 

ou la paille et la poutre ?   (février 2008)

Selon Michel Meignant, président de la Fédération française de psychothérapie et de psychanalyse (FF2P), ces déviances sont en fait «marginales. Je préside des commissions de déontologie depuis trente ans et je n'ai jamais vu d'affaires comme cela au sein de la FF2P (source)». 

Le point de vue du CICNS

Bref historique de la théorie des faux souvenirs induits

 

1 - Le point de vue de l'équipe du CICNS

 

Certains thérapeutes sont actuellement accusés d’une dérive au sujet de ce qu’on appelle les « faux souvenirs induits » ou les « fausses mémoires ».

 

Il s’agirait de séances thérapeutiques durant lesquelles serait « réveillé » le souvenir d’expériences traumatiques qui n’auraient pas eu lieu, au risque d’accuser des parents d’abus sexuels qu’ils n’auraient pas commis, par exemple.

 

Depuis les années 1980, aux États-Unis, un certain nombre de parents auraient eu à subir ce genre d’allégations de leurs enfants avec les conséquences douloureuses que l’on peut imaginer.

Cette question des « souvenirs » est un sujet délicat qui doit être traité avec la plus grande circonspection.

 

Certaines associations antisectes se présentent comme un lieu d’accueil pour "les victimes du syndrome des faux souvenirs" (voir sur ce site). Ce qui constitue un anachronisme de plus dans la lutte antisectes, compte tenu de la capacité de ces associations à générer elles-mêmes de « faux souvenirs traumatiques » chez des personnes afin de les aider à détruire une « secte » qu’elles ont dans le collimateur.

 

Nous travaillons actuellement sur des témoignages où le procédé est flagrant de la manipulation de la réalité par certaines de ces associations dont certaines sont subventionnées par l’État : Un homme a, par exemple, fait quatre mois de prison, avant même que son procès ait eu lieu, accusé, par l’entremise d’une association antisectes locale, qui s'est illégalement portée partie civile, d’avoir abusé sexuellement de mineurs (la constitution de partie civile de cette association antisectes a été déclarée irrecevable alors qu'elle s'était introduite dans le divorce d'un couple de la communauté pour l'instrumentaliser à ses fins destructrices).

 

Comment pourrait-on trouver une quelconque crédibilité à de tels agissements ? Comment peut-on tolérer que l’État continue de soutenir des associations aussi peu scrupuleuses ?

 

Il nous semble que cette mascarade a assez duré.

 

Ce genre de procédé odieux, fondé sur l'intolérance, la calomnie et le non respect des libertés individuelles, se développe depuis 25 ans en toute impunité, au nom des « mineurs » ou des « familles ». Nos archives contiennent de nombreux témoignages à ce sujet, pour ceux qui aimeraient en prendre connaissance. Le CICNS se rappellera d'ailleurs au "bon souvenir" de ceux qui souhaiteraient que leurs abus soient déguisés en « utilité publique », d’un côté, et inventés de toute pièce de l’autre.

 

La question des « fausses mémoires » est un sujet qui permet de montrer à nouveau que les grandes questions de société ne concernent pas qu’une minorité bouc émissaire mais des comportements humains qui peuvent se produire n’importe où. Les activistes anti-sectes en sont trop souvent la preuve.

 

2 -Bref historique de la théorie des « faux souvenirs induits »:

« C’est un questionnement qui revient dans presque toutes les cultures même si la civilisation occidentale l’a oublié depuis le rationalisme hérité du XVIIIe siècle. Nous sommes sans cesse revisités par l’esprit de nos ancêtres. » Michel Cazenave, philosophe et spécialiste de Jung

L'expression "faux souvenirs induits" est l'appellation négative donnée aux thérapies de la mémoire retrouvée (TMR).

 

Freud : La théorie de la séduction et le complexe d'Œdipe

 

Les TMR trouvent leur origine dans la théorie de la séduction développée par Freud dans les années 1895-1897. Par « séduction », Freud entendait une expérience sexuelle précoce où le sujet alors enfant aurait été confronté, passivement et prématurément, au surgissement d'une sexualité d'adulte (Wikipedia). Cette expérience traumatisante pour l'enfant (elle pouvait inclure des actes de pédophilie, de viol et d'inceste) aurait été refoulée et ne ressurgirait qu'à travers l'analyse avec le concours du thérapeute.

Freud a finalement abandonné cette théorie en 1897, constatant que dans chacun des cas "il fallait accuser le père, et ceci sans exclure le mien" et "qu'il n'existe dans l'inconscient aucun indice de réalité de telle sorte qu'il est impossible de distinguer l'une de l'autre la vérité et la fiction investie d'affect".

Le psychanalyste s'est ensuite attaché à développer sa théorie du complexe d'oedipe qui stipule qu'un enfant est plus attiré par le parent de sexe opposé. Prenant le contrepied de sa théorie précédente, les agressions sexuelles sont devenues des fantasmes d'enfants et de femmes hystériques (Observatoire zététique - Brigitte Axelrad).

 

Le mouvement féministe aux USA

 

Le déni massif, tant parmi les femmes et les hommes de loi que parmi les professionnels de la santé, du vécu des femmes et des enfants, victimes d'abus sexuels réels et avérés, donna aux TMR (...) les conditions essentielles pour qu'elles se développent (Ibid).

Un certain nombre d'ouvrages ont été publiés qui ont connu à la fois un grand succès et suscité de fortes polémiques. Parmi ceux-ci The courage to Heal - A guide for women survivors of child sexual abuse par Ellen Bass et Laura Davis.

 

Des USA à la France

 

Des USA les TMR sont arrivées en France. Des thérapeutes ont commencé à exercer ; un certain nombre de patients se sont retournés contre leurs parents suite à ces thérapies. Ces parents se sont eux-mêmes constitués en associations (notamment l'AFSI) qui ont alerté les pouvoirs publics dans le cadre de la lutte antisectes de la MIVILUDES.

 

Il est intéressant de noter que les adversaires des TMR, notamment dans le cadre de la MIVILUDES et des association antisectes, n'hésitent pas à condamner en bloc ces thérapies qu'ils estiment non fondées scientifiquement et dangereuses, en utilisant eux-mêmes une théorie pseudo scientifique et sujette à tous les abus : celle de la manipulation mentale.

 

Au sujet des TMR, voir également notre commentaire du rapport 2007 de la MIVILUDES.

 

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