La manipulation mentale serait l'apanage des "sectes" ?

 

Un appel à plus de sérieux dans le traitement des sujets de société importants.

 

Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois, chercheurs en psychologie sociale, ont écrit en 1987 un ouvrage qui a eu un franc succès de librairie : « petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens ».

 

Leur description des manipulations quotidiennes subies par le commun des mortels, conduisant à « la soumission librement consentie » que produisent des méthodes de marketing ainsi que de simples procédés de dialogue, suscite une réflexion quant à la stigmatisation des minorités spirituelles en regard du « lavage de cerveau » et autres « manipulations mentales » dont on les affuble depuis 25 ans, au point de parvenir à en faire les boucs émissaires de tous les travers de notre société.

 

Les expérimentations qui ont été menées depuis trente ans indiquent sans ambiguïté que les relations dans nos sociétés sont saturées de ces modes manipulatoires dont la plupart sont jugés « de bonne guerre », dans le commerce en particulier. C’est-à-dire que l’on considère normal d’être incité à acheter quelque chose dont nous n’avons pas besoin, puisque la manipulation est parvenue à nous faire croire que nous en avions besoin.  Pour mettre les choses en perspective, on peut dire que l’on reproche aux sectes de faire croire à leurs adeptes en l’existence de quelque chose qui n’existe pas. Reste à savoir si le client qui se retrouve avec un objet inutile et hors de prix chez lui mérite qu’on ne le considère pas comme « manipulé » alors que ceux qui ont trouvé un réconfort dans une secte, à juger que leur doctrine soit illusoire, sont considérés en danger et doivent en être extirpés au plus vite (sans doute pour rejoindre le troupeau de ceux qui pourront consommer « librement » des objets inutiles).

 

Pour finir, les auteurs en arrivent à cette conclusion que les personnes les plus  manipulables ne sont pas celles que l’on croit  :  

 

P 262 : Avouez qu’il est déroutant de constater que l’individu, bien sous tout rapport, celui qui adhère à la plupart des normes de jugement tout en croyant d’ailleurs s’en départir, celui qui se sent libre, celui qui veut être consistant, celui qui trouve en lui-même les raisons de ce qu’il fait et de ce qui lui arrive… de constater donc que cet individu-là est incontestablement le plus manipulable.

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