Dossier RG

Les renseignements généraux (2)

Leur mauvaise réputation vient de loin. " Surveillez tout le monde sauf moi ! " aurait recommandé Napoléon à Fouché, qui lui présentait ses nouveaux " commissaires spéciaux ".

Leur dénomination actuelle - les " Renseignements généraux " - est une trouvaille de Vichy, ce qui n'arrange pas les choses. Pendant des décennies, cette lourde ascendance a pesé sur ce curieux service policier d'information politique dépendant du ministère de l'Intérieur. Car les RG semblent avoir été un peu trop régulièrement abonnés aux coups tordus de la République. La liste est 1ongue, de l'enlèvement de Ben Barka au meurtre du pasteur Doucé, en passant par le scandale Markovic.

La fonction des RG

On compte 3893 "RG". Les nouvelles recrues sont formées au centre de Gif-sur-Yvette. Aujourd'hui cette police s'occupe de tous

La recherche opérationnelle :

Surveillance et repérage des activités individuelles ou collectives potentiellement dangereuses.

Extrême droite et extrême gauche violentes, trafic de drogue, skinheads, islamisme.

L'analyse:

Étude des grands faits de société et de leurs impacts sur l'opinion.

L'islam français, les sectes, la drogue, les violences urbaines, l'univers de la télématique, l'argent douteux, les associations caritatives, le monde de l'exclusion, le trafic d'art, les milieux anti-avortement, l'environnement.

Ils ont récemment renforcé leurs recherche sur le monde associatif (dans le SIDA, dans la toxicomanie et dans l'exclusion).Leur fonction s'est ainsi transformée: il s'agit non plus seulement de surveiller des acteurs connus, mais aussi d'aider le gouvernement à repérer et à comprendre des phénomènes et des acteurs nouveaux. Tâches qui se rapprochent plus de l'analyse universitaire que du travail policier. La banque de données sur les sectes, avec son classement et ses multiples entrées, conçue par le commissaire Laurence Affres grâce à un réseau de 50 correspondants en province, est ainsi devenue une référence.

L'implantation locale constitue le meilleur atout des RG : un maillage de 2700 agents répartis sur tout le territoire, avec un minimum de sept ou huit hommes dans les plus petits départements. "Ce réseau n'a pas d'équivalent, c'est une garantie de proximité et de sang-froid face aux événements, explique un commissaire. Voilà pourquoi nos informations sont souvent plus fiables que celles des médias qui enquêtent de moins en moins et travaillent de plus en plus en circuit clos".

Chaque jour, des plus petites préfectures comme des plus grandes agglomérations, remontent au siège central, rue de Saussaies, plus de 500 notes sur tous les sujets possibles. Après écrémage, les informations que le directeur central des Renseignements généraux juge essentielles pour le gouvernement vont faire l'objet de quatre ou cinq notes de synthèses, selon le principe "un feuillet, un sujet". Rassemblées, elles vont constituer le "dossier ministre", diffusé à une douzaine d’exemplaires et remis tous les soirs de la semaine, vers 18h30, aux cabinets du ministre de l’Intérieur, du Premier ministre et du président de la République. D’autres informations, plus sensibles et souvent rédigées au conditionnel, font l’objet des fameuses " notes blanches ", dénuées d’en-tête de service (moins d’une dizaine par jour), que le directeur central remet personnellement au ministre, accompagnées parfois d’informations oralement.

Le contrôle des masses

Les RG continuent de mesurer l’opinion. 3 outils essentiels sont affectés à cette tâche : l’estimation " au pif ", la simulation informatique et le vrai sondage d’opinion.

D’abord, tous les quinze jours, le service édite une " note d’opinion ". Rédigée par le commissaire responsable de la section " analyse et prospective ", elle synthétise les notes établies par une quinzaine de correspondants locaux. Ces derniers étant choisis en fonction d’une pondération subtile entre leur implantation géographique et leur compétence individuelle, due à la connaissance de leur ville ou de leur région, mais aussi à leur pif -leur don propre de sentir l’opinion simplement à travers quelques conversations bien sélectionnées. Après une intervention télévisée du président de la République par exemple, ils passent des coups de téléphone parmi leurs connaissances dans les électorats chiraquien, centriste et socialiste, auprès des fonctionnaires, des commerçants, des élus, des syndicats, puis rédigent deux ou trois pages. Rue de Saussaies, à Paris, celles-ci sont synthétisées en un ou deux feuillets. Depuis l ‘élection de Jacques Chirac, le gouvernement a demandé, en sus des notes bimensuelles, quelques notes d’opinion spécifiques, notamment sur l’action gouvernementale, les essais nucléaires et les réactions aux attentats terroristes.

Ensuite depuis 4 ans, la Direction centrale des RG dispose du système Salamandre, un programme informatique puissant, rapide et fiable de résultats de vote partiels. Grâce à une bonne sélection de bureaux de votes, ce systèmes très perfectionné permet de donner une estimation globale (à 2 mois, 1 mois et une semaine des scrutins), souvent plus prompte et surtout plus sûre que les sondages. Ce fut le cas lors de la dernière élection présidentielle. Et Salamandre avait donné, avant le référendum sur Maastricht, une bonne prévision, alors que les instituts de sondage n’arrivaient pas à trancher.

Enfin la grosse artillerie : l’Office central de statistiques et de sondages (OCSS).Sous ce sigle discret se cache un organisme de sondage propre aux RG. Une énorme machine coûteuse, mais sérieuse et particulièrement fiable. Car l’OCSS travaille sur des échantillons larges : de 2000 à 4000 personnes, alors que les sondages privés publiés par la presse concernent rarement plus de 1000 personnes. Et l’OCSS ne travaille pas par téléphone, mais au domicile du sondé, ses agents se faisant passer pour les sous-traitants d’instituts bien connus du grand public. L’OCSS , qui ne peut être actionné que par le cabinet du ministre de l’Intérieur, ne se limite plus aux sondages électoraux, mais s’intéresse aux questions de société, plus ou moins précises, comme " l’image des CRS auprès du public " ou " La perception de l’insécurité ".

Pour lire la troisième partie du dossier, RG, la machine à scandale ? 
d'après le livre de M. Rougelet, cliquer ici

Lire également http://www.renseignementsgeneraux.net/rg.php

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