L'Ordre du Temple SolaireSynthèse du CICNS TFI déclarait en 2001 : « Les divers massacres liés à l'Ordre du Temple Solaire, survenant à la même période que divers drames au fort retentissement international également liés à des mouvements sectaires, ont fortement contribué à durcir en France la lutte contre les sectes.»
On peut constater aujourd'hui comment ces tragédies
fortement médiatisées provoquent l'affolement, la précipitation dans
les jugements et la haine. Le public est très peu informé sur les
zones d'ombre de toutes ces affaires. On ne lui donne à lire et à
entendre que ce qui suscite la peur. Le Temple Solaire, ou OTS, est devenu tristement célèbre avec cinq tueries : Le 30 septembre 1994, 5 membres de l'OTS meurent dans l'incendie d'une maison à Morin Heights, au Québec. Le 5 octobre 1994, 48 corps carbonisés sont retrouvés en Suisse, 23 à Cheiry et 25 aux Granges-sur-Salvan, dont les deux maîtres de l'OTS, Luc Jouret et Joseph Di Mambro. Le 15 décembre 1995, 16 personnes brûlées dans une clairière du Vercors, dont 3 enfants, ainsi que la femme et le fils de Jean Vuarnet. Le 22 mars 1997, 5 adeptes du Temple solaire, dont 3 Français, sont retrouvés carbonisés à Saint-Casimir, au Québec.
Les trois hommes importants de l’OTS Joseph di Mambro,
ancien bijoutier. Avant de fonder l’Ordre du Temple Solaire (OTS) a
fait 6 mois de prison pour escroquerie. Par la suite, et toujours
avant l’OTS, il fréquente un groupement successeur du S.A.C (service
d’action civique, une police parallèle fondée par Charles Pasqua),
qui sera mêlé à au moins un des massacres.
Luc Jouret, un
ancien maoïste, à qui Di Mambro aurait demandé d’intégrer un Ordre
ésotérique l’Ordre Rénové du Temple afin d’en prendre possession à la
suite du décès de son grand maître. Ce que fait Luc Jouret. Il
rebaptisera cet ordre : Ordre du Temple Solaire.
Michel Tabachnick,
musicien, le troisième homme de l’Ordre est à
l’origine des thèses ésotériques de l’OTS,
lequel reprendra ses écrits « L’archée »
(rédigés bien avant son arrivée à l’OTS).
Dans les années
1980, le nombre d’adeptes de l’OTS grandit au
Québec. De nombreux cadres d’une des plus
importantes entreprises Québecoises,
Hydroquébec, intègrent l’Ordre, fascinés par
les théories de Luc Jouret sur tous les
sujets.
Les massacres Di Mambro, dans
cette période, a un enfant, Emmanuel (une fille, en fait, qui sera
présentée comme un garçon) qu’il déclare être le nouveau Christ.
D’autres membres ont, un peu plus tard, un garçon, qu’ils appelleront
eux aussi Emmanuel. Selon la thèse sectaire, Di Mambro aurait déclaré
qu’il s’agissait de l’antéchrist et commandité la tuerie de
1994 au Canada (durant laquelle l’enfant est tué d’un pieu planté
dans le cœur), première de la série présentée comme un sacrifice
rituel.
Les tueries de
Cheiry et de Salvan s’enchainent et la thèse sectaire et celle du
suicide collectif sont suivies par la Justice et les médias. Une
enquête plus poussée devient impossible puisque le Juge Piller fait
brûler toutes les pièces à conviction. Un journaliste, Éric Lemasson,
déclare même avoir découvert dans les poubelles des maisons
détruites (que
la police aurait négligées), des
cassettes de conversations hallucinées sur des « transits vers Vénus
ou Jupiter » contribuant à cautionner la thèse la plus farfelue.
Un an plus, tard,
en 1995, le massacre du Vercors présente
cependant des éléments troublants : selon Gilbert Lavoué, expert judiciaire en
incendie chargé de l’enquête, les victimes n’ont pas pu brûler dans
une sorte de feu de bois rituel, mais plutôt par le biais de
lance-flammes au phosphore; les marques de coups violents portés aux
victimes indiquent qu'elles n'étaient pas
consentantes et, plus surprenant encore, deux des
victimes étaient des membres des Renseignements Généraux, dont un
certain Lardanchet, envers lequel Luc Jouret avait exprimé des
soupçons d’infiltration dans le but de « détruire l’OTS » (un
courrier de Jouret a été retrouvé décrivant ses accusations à son
encontre). Ces faits soulèvent des questions importantes. Le reportage d'Yves
Boisset présente un autre courrier
retrouvé de Di Mambro, adressé à « Très cher Charlie »,
accusant
Charles Pasqua, alors Ministre de l’Intérieur, de « vouloir détruire
l’OTS en préparant un massacre collectif ». De sérieux doutes sur la thèse sectaire Ces zones d’ombre
font naître de nouvelles suspicions et la thèse moins facile d’une
intervention extérieure commence à prendre forme. L’absence
d’empreintes digitales et la disparition de la plupart des clés des
véhicules ont fini de convaincre un certain nombre de personnes, et
en particulier plusieurs familles des victimes, que des personnes
encore en vie ont quitté les lieux après le massacre (et non le
suicide) en faisant disparaître toutes les traces, et que quelque
chose d’autre, bien moins folklorique que la thèse sectaire, était en
jeu. Mais tout le monde
ne souhaite pas que l’explication antisectes soit balayée. Une sœur
d’une des victimes, Ute Verona, témoigne de la présence d’un homme,
qui se présente à elle comme un policier, à l’appartement de sa sœur,
juste avant la découverte des corps. Elle observe à travers le judas
de sa porte que l’homme apporte plusieurs sacs poubelles pleins dans
l’appartement de sa sœur avant de disparaître. Par la suite, ayant
révélé ce qu’elle avait vu, elle subit des menaces de mort au
téléphone. Magouilles dans l’immobilier, blanchiment
d’argent Avec l’assassinat de
Yann Piat, femme politique française, en février 1994, la piste de
différentes tractations en rapport avec des projets immobiliers sur
la côte d’Azur, se mêle à celle de l’OTS. En effet, après les
massacres de l’OTS, deux membres du SAC, qui pourraient être les
meurtriers de Mme Piat (plutôt que deux petits malfrats désignés
responsables et qui se disent innocents), sont retrouvés « suicidés »
au gaz d’échappement de leur véhicule dans un garage, avec des capes
de l’OTS dans leur voiture et quelques ouvrages de l’Ordre. Selon Alain Vuarnet,
parent de deux des victimes, l’OTS était avant tout « une
lessiveuse pour blanchir de l’argent ». Des sommes de plusieurs
millions de francs ont été découvertes sur des comptes en Australie
(au total, la somme de 186 millions de dollars a été avancée) au nom
de diverses personnes dont Di Mambro et d’autres personnalités, mais
niées ensuite par les autorités juste après leur découverte,
complétant la longue succession de bévues, de dénis et d’erreurs des
enquêtes depuis le début de l’affaire. Selon Alain Vuarnet,
tout a été fait pour orienter l’opinion publique, la Justice et les
médias sur la thèse de la secte et du suicide collectif afin que
personne ne s’intéresse aux magouilles monstrueuses qui se
déroulaient en arrière-plan. Malheureusement, les enquêtes parallèles
ont été entravées (selon le reportage d'Yves Boisset, un commandant
de police judicaire, Gilbert
Houvenaghel
a même demandé aux familles ayant porté plainte de retirer leurs
plaintes) et la Justice ne s’y est guère intéressée (pour les
familles, il s’agit d’une Justice « aveugle, sourde et muette »).
Il suffit
d’interroger l’opinion publique aujourd’hui pour réaliser que la
thèse sectaire a pris toute la place. Peu de gens ont une idée claire
sur ce qui s’est déroulé en 1994 et 1995 et qui, sous
couvert de suicides collectifs d’une secte ésotérique, ressemble à une affaire
politico-mafieuse dont le paravent antisectes, un an
après l’affaire de Waco, était finalement très pratique. Voir le documentaire d'Yves Boisset de 2005 : "Les mystères sanglants de l'OTS" Lire également : Le procès de l'OTS et une interview de Michel Tabachnik de 2005 : "J'ai été déclaré non coupable en première instance" Livres : R. Jaton : En quête de vérité, Ordre du Temple Solaire Jean Vuarnet : Lettre à ceux qui ont tué ma femme et mon fils Christian English, Frédéric Thibaud : Affaires non classées, tome 2 Jean-François Mayer : Les mythes du temple solaire |
© CICNS 2004-2015 - www.cicns.net (Textes, photos et dessins sur le site)