Le terrorisme selon le gouvernement de G W Bush

par André Tarassi (mars 2008)

Le principe est très ancien et se résume en quelques mots sans ambiguïté : Il y a un certain nombre de terroristes sur terre, il faut tous les tuer et, ensuite, il n’y en aura plus. Le concept est simple, populaire et efficace, en apparence. Il s’applique à tous les fléaux désignés de la société et nous avons eu confirmation, lors des dernières élections, que des millions de citoyens américains soutiennent cette vision du monde.

Le gouvernement américain dépense des milliards de dollars pour exterminer le terrorisme et - négligeant volontairement le fait qu’il s’est renforcé en conséquence de cette répression et que les terroristes développent une solidarité nouvelle - augmente la pression et les dépenses parce que l’objectif n’est pas atteint. C’est une surenchère qui ne peut culminer que dans un conflit encore plus terrible.

Car cet objectif ne sera jamais atteint.

Le terrorisme est avant tout l’expression désespérée d’un déséquilibre mondial que le gouvernement américain actuel cherche à contrôler par la force. La criminalité n’est pas l’action de criminels isolés (comme si certaines personnes naissaient criminelles et d’autres étaient épargnées par ce risque) mais la conséquence d’un déséquilibre. Un pays, comme un individu, peut subir ce déséquilibre au point d’avoir recours à des actes désespérés.

Il est naturel que la société établisse des règles et des sanctions mais il est encore plus nécessaire qu’elle prenne conscience que l’on ne résout pas les déséquilibres en les accentuant, qu’on ne frappe pas une seconde fois quelqu’un qui crie son désespoir d’être frappé et qu’il est absolument indispensable de traiter avec sagesse et humanité la cause du déséquilibre.

Bien sûr, les médias nous présentent complaisamment les actes terroristes horribles, les cris et le sang et tout cela nous conduit automatiquement à la révolte et la colère. Mais ils ne présentent pas ce qui a conduit ces personnes à de telles extrémités. Les cris et le sang n’ont bien sûr pas commencé avec ces actes terroristes. Il y a des injustices et des douleurs que les médias ne présentent pas au grand public et qui sont, ainsi, d’autant plus cuisantes pour ceux qui les subissent. Il n’est pas question de légitimer l’acte terroriste mais ce dernier ne disparaîtra pas par la force. Le cercle vicieux est trop évident.

Ce qu’on appelle communément l’impérialisme américain est à l’origine de beaucoup de souffrances, de la perte de souveraineté de nombreuses nations et, sous couvert de « protéger » et de répandre les bienfaits de la « démocratie », de la destruction de cultures et de religions. Certains ont fini par se dresser devant cette vision manichéenne du monde et autres intérêts financiers cachés derrière des discours démagogiques.

Aujourd’hui, le gouvernement de Mr Bush demande une « rallonge » de plusieurs dizaine de millions de dollars pour sa guerre sous prétexte qu’il craint « d’autres attaques terroristes » contre son pays, aveuglé par ce principe primaire et barbare de l’oppresseur qui veut faire cesser la rébellion.

Cette tragique mascarade se joue aux yeux de tous aujourd’hui sans qu’un pays, autre que ceux qui reçoivent les bombes américaines, ne s’en offusque. Nous assistons à cette désespérante inertie des êtres humains devant la folie du monde.

Le CICNS constate que la répression des minorités boucs émissaires s’exerce de manière relativement moins dramatique en France mais qu’elle est fondée sur les mêmes principes et le même aveuglement. C’est au fond, une question essentielle pour l’avenir de nos sociétés que nous posons aujourd’hui parce que la tyrannie des puissants est aussi vieille que le monde et le problème reste entier, comme s’il n’avait jamais vraiment été abordé.

A un regard tel que celui que j’évoque brièvement dans ces lignes, on oppose parfois des considérations économiques ou des impératifs incontournables mais ces mots ne s’adressent pas à ceux qui soutiennent la folie du monde mais à ceux qui ont envie de le réinventer.  

 André Tarassi est né en 1961, il est le fondateur du CICNS. Chercheur indépendant, il étudie les Nouvelles Spiritualités depuis 25 ans. Il a étudié le journalisme et la télévision aux États-Unis.  Il a publié, sous un autre nom, plusieurs ouvrages sur la démarche spirituelle.

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