30 gendarmes pour une interpellation dans une communauté de vie à Lisieux

Une nouvelle affaire dite de "secte" où l'on voit 30 gendarmes perquisitionner une communauté, saisir des livres "à caractère plus ou moins religieux" et mettre 15 personnes en garde à vue après que la justice ait été interpellée par une ADFI à la suite de la plainte d'un "apostat".

Nous avons relevé dans ces articles les quelques éléments typiques qui permettent de voir comment le pas est allègrement franchi entre un "soupçon de dérives sectaires" et une accusation pure et simple, avant même qu'une enquête judiciaire ait pu apporter ses conclusions.

Le scénario est toujours le même : une personne quitte une communauté où elle était entrée et d'où elle est sortie de son plein gré. Sans doute à cause de rancoeurs personnelles, elle va trouver l'ADFI pour se plaindre (on ne sait d'ailleurs pas si elle se plaint à l'ADFI ou si elle est contactée par l'ADFI après que celle-ci ait été informée par une tierce personne).

Généralement, il faut attendre quelque temps, voire quelques années, avant que l'ADFI trouve un témoin à charge ayant des chefs d'accusations suffisamment sérieux pour pouvoir alerter la justice. Ceux-ci sont "standards" et sont tous énumérés dans les articles qui suivent: "ponctions financières", "cérémonies à connotation sexuelle", puis "abus sexuels présumés". La "communauté de vie" devient le jour suivant "un mouvement sectaire" et l'on parle de "viols en réunion, violences, attouchements sexuels, humiliations psychologiques et spoliation sur des personnes vulnérables".

Le même procureur qui déclarait jeudi que " rien pour l'instant ne permet de dire qu'il y aurait eu des abus sexuels sur ces enfants", indiquait vendredi qu'il y avait eu "abus de faiblesse ou de l'état d'ignorance sur des personnes en état de sujétion psychologique, viols, agressions sexuelles et violences sur personnes vulnérables".

On voit ainsi les chefs d'accusation passer dans certaines affaires, au fil des années, de "l'exercice illégal de la médecine" à "violence et abus sexuels sur mineurs" pour aboutir à la libération conditionnelle de l'accusé. Ou au contraire partir d'une accusation de "secte extrêmement dangereuse proche de l'Ordre du Temple Solaire", qui donne lieu à un assaut d'une multitude de gendarmes armés jusqu'aux dents pour finalement condamner deux personnes pour "défaut de permis de construire" et les voir relaxés en Cour d'Appel... Les exemples abondent de ces retournements de situation mais de quoi dépendent-ils et à quel moment reflètent-ils la vérité ?

Nous les faisons apparaître ici en caractères gras pour que le lecteur prenne conscience à quel point quelques mots répétés sans relâche suffisent à faire naître la peur et le jugement dès qu'ils sont prononcés. Tout le monde cesse alors de s'intéresser à l'affaire car elle est jugée d'avance, sans avoir même pris le temps de vérifier si ces rumeurs sont fondées. Attendons la suite pour savoir ce que véritablement la Justice retiendra contre ces personnes.

On remarquera au passage que sont associés le fait d'être "en difficulté" et "en recherche d'un renouveau spirituel".

Lire également l'article du CICNS sur l'affaire Arnaud Mussy à Nantes


OUEST-FRANCE

Un premier article relativement mesuré qui se contente d'évoquer des soupçons mais énumère néanmoins les poncifs :

Jeudi 28 juin 2007

Lisieux : interpellations dans une communauté

Une quinzaine de membres d'une communauté de Lisieux ont été interpellés mercredi dans le cadre d'une instruction pour abus de faiblesse.

Ambiance inhabituelle mercredi matin dans la rue Rose-Harel, artère du centre-ville de Lisieux : une trentaine d'enquêteurs de la police judiciaire de Caen et Rouen ont perquisitionné les locaux de la communauté " Le Parc d'accueil ", installée dans une grosse maison aux volets bleus. Des livres, à caractère plus ou moins religieux, ont été saisis.

La perquisition s'est doublée de l'interpellation d'une quinzaine de membres majeurs de la communauté qui regroupe des personnes en difficulté ou en recherche d'un renouveau spirituel.

L'action de la PJ s'inscrit dans le cadre d'une information judiciaire ouverte auprès du tribunal de Lisieux pour des soupçons d'abus de faiblesse et d'agressions sexuelles. Sous l'impulsion d'une femme d'une cinquantaine d'années jouant un rôle moteur, la communauté aurait pu, de sources proches de l'enquête, dériver vers une secte. Y a t-il eu des ponctions financières auprès des " adeptes " et des cérémonies à connotation sexuelle ? L'enquête en cours devrait permettre d'apporter une réponse, les personnes interpellées pouvant être entendues comme simples témoins.

Luttant contre les sectes, l'Association de défense de la famille et de l'individu (ADFI) avait été saisie dès 2004 de premiers éléments, plus ou moins flous, concernant la communauté. Le cours du dossier s'est accéléré avec le témoignage d'un ancien membre ayant quitté le groupe en 2006.

Jean-Pierre BEUVE et Anne BLANCHARD-LAIZÉ.

http://www.trouville-deauville.maville.com/


LA CROIX - 28/06/2007 14:27 CAEN

28 juin 2007 (AFP) - Enquête sur des abus sexuels présumés dans une "communauté de vie" à Lisieux

Une dizaine de personnes étaient en garde à vue jeudi à Lisieux (Calvados) dans le cadre d'une enquête ouverte pour soupçons d'abus de faiblesse et d'agressions sexuelles au sein d'une "communauté de vie", a-t-on appris de source judiciaire.

Quinze personnes avaient été interpellées mercredi dans la cité lexovienne, dans le cadre de cette enquête menée par la police judiciaire de Caen et l'office central de répression des violences aux personnes de la direction centrale de la police judiciaire.

Les responsables de cette communauté de vie appelée "Le parc d'accueil" pourraient être déférés jeudi au parquet de Lisieux, a-t-on précisé de même source.

Parmi les personnes interpellées figure une enseignante d'anglais de la fondation des Orphelins d'Auteuil, âgée d'une cinquantaine d'années et mère de deux enfants, et qui serait à la tête de la communauté. Une autre éducatrice de cette fondation, une institutrice et un éducateur spécialisé sont également en garde à vue.

"Des enfants d'une personne membre de cette communauté vivaient également au sein de la communauté, mais rien pour l'instant ne permet de dire qu'il y aurait eu des abus sexuels sur ces enfants", a expliqué à l'AFP le procureur de Lisieux, Bruno Dieudonné.

Débutée en 2004, l'enquête s'était accélérée fin 2006 avec la plainte pour viol déposée par une ancienne adepte de la communauté qui avait réussi à s'en détacher.

http://www.la-croix.com/afp.static/pages/070628122537.l3kv576q.htm


Dès le lendemain sur France 3, les accusation fusent : une enquête approfondie aurait-elle eu lieu dans la nuit du jeudi au vendredi ?

FRANCE 3 NORMANDIE

Publié le 29/06 à 19:15

Lisieux : 7 mises en examen

Une maison tranquille abritait un mouvement sectaire où viols et humiliations étaient monnaie courante

par Catherine BERRA

Les policiers du SRPJ de Rouen sont intervenus mercredi après-midi dans un foyer d'accueil pour adolescents en difficultés à Lisieux. Ils ont interpellé une quinzaine de personnes sur lesquelles pèsent des soupçons de viol et d'abus sexuels. Plusieurs jeunes filles avait déposé plainte il y a un peu plus d'un an au parquet de Caen. Deux femmes incarcérées ce vendredi.

Reportage : Gwenaelle Louis & Cyril Duponchel

Parmi les quatorze personnes interpellées mercredi, sept ont été déferées au parquet de Lisieux ce vendredi. Deux femmes ont été mises en examen pour "abus de faiblesse ou de l'état d'ignorance sur des personnes en état de sujétion psychologique, viols, agressions sexuelles et violences sur personnes vulnérables", a indiqué le procureur de la République Bruno Dieudonné. Il s'agit de la présidente de l'association "Le parc d'accueil", âgée d'une cinquantaine d'années et mère de deux enfants, et d'une autre femme présentée comme son bras droit. Toutes deux faisaient partie du personnel de la Fondation des orphelins d'Auteuil, qui s'engage auprès des jeunes en grande difficulté.

Cinq autres personnes, membres ou proches de cette communauté de vie, devraient être prochainement mises en examen pour des abus sexuels, a indiqué le procureur. La justice doit toutefois déterminer si elles étaient elles-mêmes dans une état de sujétion ou si elles disposaient d'un libre-arbitre suffisant pour répondre de leurs actes devant un tribunal.

Le parquet a requis leur placement sous contrôle judiciaire. L'enquête a par ailleurs permis d'établir que certains membres de la communauté versaient parfois des sommes importantes sous forme de dons à la présidente de l'association, qui aurait ainsi reçu en deux ans et demi environ 400.000 euros. Débutée en 2004, l'enquête s'était accélérée fin 2006 avec la plainte pour viols déposée par une ancienne adepte de la communauté qui avait réussi à s'en détacher. Celle-ci avait raconté qu'elle devait participer à des séances de "navigation", au cours desquelles elle était contrainte d'avoir des rapports et des contacts sexuels avec des membres de la communauté, que choisissait la présidente de l'association, au domicile de laquelle se déroulaient ces actes.


Mises en examen dans l'affaire de la secte  

(JT 19/20 le 29/06/2007)

Reportages : Marie-Pierre Gressant, Cyril Duponchel, Edouard Da Costa & Emmanuel Guiboux

Depuis plusieurs années maintenant le tranquille pavillon lexovien accueillait un mouvement sectaire, le Parc d'accueil, agissant sous couvert d'un centre d'accueil pour jeunes en difficultés. Ce centre était dirigé par une femme, par ailleurs professeur à la fondation des Orphelins d'Auteuil.

En plus des pratiques sectaires habituelles, la responsable du mouvement semblait organiser des viols en réunion, violences, attouchements sexuels, humiliations psychologiques et spoliation sur des personnes vulnérables. Les séances avaient lieu les mercredis et les dimanches et semblaient très bien rôdées, rebaptisées les "mêlées célestes".

D'autres personnes mises en cause dans cette affaire étaient également employées par la Fondation des Orphelins d'Auteuil. Une quinzaine de personnes a été interpellée hier et placée en garde à vue.Une enquête menée par la police judiciaire de Caen et l'office central de répression des violences aux personnes de la direction centrale de la police judiciaire a été ouverte pour soupçons d'abus de faiblesse et d'agressions sexuelles au sein d'une "communauté de vie". Les responsables de cette communauté de vie pourraient être déférés vendredi au parquet de Lisieux.

Parmi les personnes interpellées figure une enseignante d'anglais de la fondation des Orphelins d'Auteuil, âgée d'une cinquantaine d'années et mère de deux enfants, et qui serait à la tête de la communauté. Une autre éducatrice de cette fondation, une institutrice et un éducateur spécialisé sont également en garde à vue. "Des enfants d'une personne membre de cette communauté vivaient également au sein de la communauté, mais rien pour l'instant ne permet de dire qu'il y aurait eu des abus sexuels sur ces enfants", a expliqué le procureur de Lisieux, Bruno Dieudonné. Débutée en 2004, l'enquête s'était accélérée fin 2006 avec la plainte pour viol déposée par une ancienne adepte de la communauté qui avait réussi à s'en détacher.

http://normandie.france3.fr/info/32372402-fr.php


La suite de cette affaire, où l'on entend la secrétaire de la MIVILUDES se réjouir d'une possible condamnation en vertu de la loi About-Picard. Ne serait-ce pas là l'affirmation d'une volonté farouche d'obtenir quelques condamnations en vue d'établir une jurisprudence pour cette loi si controversée ?

jeudi 19 juillet 2007, mis à jour à 18:05

Religion

"Mêlées célestes" à la secte ?

François Koch

L'association Parc d'accueil dans le Calvados aurait organisé des "mêlées célestes" entre 2004 et 2005, à la fois spirituelles et sexuelles. Deux femmes responsables du mouvement ont été mises en examen pour abus de faiblesse et violences volontaires.

Le sont deux pavillons très ordinaires, l'un à Lisieux, sous-préfecture du Calvados, l'autre à Moyaux, une commune du pays d'Auge. De 2004 à juin 2007, ils auraient abrité des "mêlées célestes", à la fois spirituelles et sexuelles, impliquant les adeptes d'un mouvement sectaire baptisé "Parc d'accueil". Le 27 juin, une trentaine de policiers de Caen ont mis un terme aux activités de cette association en faisant irruption dans la maison de Lisieux qui lui servait de siège.

La responsable de Parc d'accueil, Françoise D., 51 ans, et son bras droit, Corinne V., 44 ans, ont été mises en examen pour abus de faiblesse et violences volontaires. Il leur est également reproché d'avoir pris part à des viols et à des agressions sexuelles. La justice les soupçonne d'avoir mis, au total, une quinzaine de personnes sous leur joug. Elles les auraient obligées à verser 400 000 euros et à accepter des coups et des relations sexuelles en groupe avec des partenaires choisis par Françoise D. Les deux femmes, qui se disent innocentes, ont été incarcérées.

Cette affaire est suivie de près par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES), à Paris. "L'instruction judiciaire démarre en utilisant la loi dite "About-Picard" sur l'abus frauduleux de l'état d'ignorance ou de faiblesse, se réjouit Catherine Katz, secrétaire générale de la MIVILUDES. Ces personnes ne se retrouvaient pas librement pour des partouzes; ce sont des victimes en souffrance parce que sous l'emprise d'une "gourelle"."

Renouveau spirituel et manipulation

Au début, en 2003, Françoise D., mère de trois enfants, professeur d'anglais à la Fondation des orphelins apprentis d'Auteuil, commence par regrouper autour d'elle des femmes et des hommes, recrutés par relations, intéressés par le "renouveau spirituel" et par le "débat interreligieux". A en croire l'accusation, cette animatrice très pieuse se serait par la suite muée en gourelle.

Comme souvent dans ce genre d'affaires, la manipulation a démarré, semble-t-il, par de l'amour et de la tendresse. Mais celle qui se prenait pour Dieu, poussée en partie par ceux qui voulaient croire en elle, serait devenue violente. Si un adepte se montrait récalcitrant, elle lui lançait: "Pour combattre tes mauvais côtés, il faut que je te batte!" Et d'insister sur le credo du mouvement: "Dieu et le Saint-Esprit vous donnent tout. Donc, afin de vous purifier, vous devez donner de l'argent et des câlins." Dans son jargon, "câlins" et "navigations" signifiaient "ébats sexuels". Selon les enquêteurs, Françoise D. se montrait à la fois maternelle et dominatrice, gentille et humiliante, et parvenait à faire perdre tout sens critique à ses adeptes, au point de les amener à accepter violences physiques et sexuelles.

Tout bascule au mois de novembre 2006, quand une aide ménagère de 27 ans accepte de témoigner. Cette jeune femme très perturbée raconte au couple de personnes âgées qui l'emploie les prières et les orgies sexuelles nocturnes auxquelles elle participe à Moyaux. A la demande de ses employeurs, elle confirme son récit devant le maire de Lisieux, Bernard Aubril.

La gendarmerie et le procureur de la République, Bruno Dieudonné, sont alertés. Le dossier est confié à la juge d'instruction Marie Lefort. Après trois mois d'enquête et de nombreuses écoutes téléphoniques, la police finit par interpeller les responsables de la secte. Selon leur avocat, commis d'office, celles-ci seraient "abasourdies" et nient toute violence. Leur procès ne devrait pas avoir lieu avant la fin de 2008.

http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=12846

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