Courrier à Libération

Lettre adressée à Libération à propos d'un article du 9 septembre 2008

 

Bonjour,

Le 9 septembre 2008, vous avez publié un éditorial intitulé : "Enfin", dont nous reproduisons ici le paragraphe introductif : 

« S’il fallait traîner en justice tous ceux qui jouent sur la crédulité humaine pour vendre du vent, les tribunaux n’y suffiraient pas. C’est à l’abri de cette maxime de bon sens que les sectes peuvent se livrer à leurs étranges tribulations. Dès lors qu’elles convainquent, aussi désolant que ce soit, des individus majeurs et responsables, elles viennent seulement allonger la liste des activités exotiques ou farfelues auxquelles la tolérance républicaine accorde une indifférence de principe. » 

Selon vous, la « tolérance républicaine accorde une indifférence de principe » aux « activités exotiques ou farfelues ». C’est faire une traduction simpliste et très réductrice des principes républicains qui ne contiennent pas cette prétention supérieure, ce jugement sur le « farfelu » ou l’«exotique», mais bien au contraire le « respect de toutes les croyances » (Article premier de notre Constitution). 

Ne vous en déplaise, les activités exotiques ou que vous jugez farfelues, ont donc le même droit (légal) au respect, que celles qui s’accordent à votre sens du socialement, religieusement, commercialement, politiquement, ou laïquement correct.

Mettre face à leurs responsabilités, et pourquoi pas devant des cours de justice, "tous ceux qui jouent sur la crédulité humaine pour vendre du vent" est une idée intéressante, qu’il faudrait en toute logique appliquer en commençant par les plus gros de ces "vendeurs de vent", parmi lesquels nous trouvons les médias. Pour revenir sur le sujet de votre éditorial, des centaines d’articles et de reportages jouant sur la peur des sectes ont été vendus en 25 ans, sans que leurs auteurs n’aient jamais vérifié (mais sont-ils vraiment dupes ?) que la peur n’était fondée sur rien d’autre que le vent mauvais de la calomnie et de la rumeur. 

Pas un des grands médias français n'a relevé, par exemple, l'incroyable révélation des "chiffres de la dérive sectaire en France" lors de la troisième commission d'enquête parlementaire sur le sujet, en 2006. Nous n'en citerons qu'un ici : sur les 19 000 signalements d'enfants en danger produits au sein de l'Éducation nationale en 2005-2006, 8 concernaient de « supposées » dérives sectaires. Cela devrait pourtant suffire à interpeller un vrai journaliste, curieux et soucieux d’objectivité, sur la réalité du supposé fléau social des sectes dont l'image est communément véhiculée par les médias. Le silence médiatique qui a suivi ces révélations laisse penser que la remise en question sur le sujet des sectes est devenue trop abrupte pour le commun des journalistes.

S'il est naturel que vous exprimiez votre point de vue, vous êtes tenu d'apporter une information équilibrée qui présente une vision d'ensemble des opinions sur le sujet. C'est une condition pour respecter un débat démocratique sur un sujet de société important. C'est aussi une condition minimum de respect pour ces femmes et ces hommes que vous montrez du doigt, indifférents à l'impact que produiront vos articles sur la vie privée de ces personnes. 

Nous vous invitons à visiter notre site qui présente un large éventail d'analyses et de réflexions sur la place des minorités spirituelles dans notre société française, des interviews de sociologues, avocats, acteurs sociaux, ainsi que des témoignages de personnes discriminées : http://www.cicns.net/Video.htm

Le CICNS a notamment produit les deux premiers volets d'un documentaire intitulé « 120 minutes pour la liberté spirituelle », en vente sur notre site au format DVD.

Il est également possible de visionner sur Dailymotion la seconde partie de ce documentaire.

Salutations,

L'Equipe du CICNS

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