Lettre ouverte à la MIVILUDESCICNS (avril 2011)
Lettre ouverte à tous les membres de la MIVILUDES, du Conseil
d'Orientation et du Comité exécutif de la mission
Notre association œuvre à restaurer un débat intelligent, respectueux
et ouvert sur la place des minorités spirituelles, thérapeutiques et
éducatives en France, depuis plus de sept ans maintenant.
Les membres de la MIVILUDES ont probablement une opinion positive sur
leur travail. Néanmoins, année après année, les rapports de la
mission n'apportent aucune preuve du fléau social que
représenteraient lesdits « mouvements sectaires » (une appellation
permettant d'affirmer hypocritement qu'on ne s'occuperait plus des
« sectes » mais des « dérives sectaires »). S'il est évident que des
problèmes peuvent survenir dans les groupes visés, comme dans tout
groupe humain, ces problèmes ne sont pas considérés comme des
« cas », rares au demeurant, à gérer dans le cadre du droit commun si
besoin, mais généralisés abusivement à l'ensemble d'une population
tantôt qualifiée de sectaire ou considérée comme victime de dérives
sectaires. Ce mépris pour les choix de vie d'une partie de la
population, médiatisé sans retenue par et à travers des médias
complaisants, n'est pas acceptable.
Nous ne pensons pas que la qualité de notre travail documentaire et
d'information puisse être remis en question, ni même l'audience
croissante que nous obtenons, tout en admettant que des conclusions
divergentes puissent s'exprimer sur les questions traitées. Dès lors,
si une mission interministérielle, censée représenter une vision
globale et contradictoire d'une réalité sociale, n'a pas trouvé un
espace pour faire entendre notre point de vue, c'est qu'elle a fait
le choix délibéré d'une politique partiale et opportuniste (la
posture de défenseur des « bonnes victimes » constitue hélas une
plus-value politique payante, aujourd'hui).
Payante, mais jusqu'à un certain point, car, hormis un cercle de fait
assez restreint d'irréductibles protagonistes antisectes au
Gouvernement, au Parlement et dans la société civile, nous ressentons
de plus en plus une lassitude de la part du public, mais également de
la part de responsables publics vis-à-vis des errements de la
politique antisectes française. Cette lassitude est également
ressentie au sein de
la MIVILUDES qui se plaint de façon récurrente
du manque de coopération du Ministère de l'Intérieur, que nous
considérons comme un "garde-fou" indispensable en la matière.
Il ne fait pas de doute dans notre esprit que les mouvements de
société en cours, représentés par les choix de vie alternatifs, sont
d'une ampleur qui dépasse de loin les réactions épidermiques et
peureuses de certains responsables politiques. La mystification
consiste à prétendre que ces choix sont a priori incompatibles avec
notre pacte laïc et républicain.
Dans sa tentative de susciter une réaction tenace de peur et de
suspicion contre une partie de la société, la MIVILUDES
connaitra certainement quelques tristes victoires (calomnies
médiatisées sur divers groupes et pratiques, diffusion de son
référentiel aux autorités locales en l'absence de tout
contradictoire, raids policiers contre des communautés paisibles,
etc.), mais au bout du compte, ce sont les citoyens qui choisiront
comment ils entendent vivre.
De même que la MILS a vécu, emportée par son propre emballement
antisectes, de même la MIVILUDES disparaitra, recroquevillée sur une
vision rétrécie de la société. Anticipons et passons à autre chose
dès maintenant avec ou sans le soutien des membres de la MIVILUDES
(mais « avec » serait montrer un peu de panache après tant d’années
de désinformation).
Notre proposition d'Observatoire des minorités spirituelles,
thérapeutiques et éducatives, indépendant et compétent, est le
meilleur compromis permettant à la fois aux pouvoirs publics de
connaître un phénomène de société qui peut légitimement les
interpeller et garantissant aux minorités en question le respect
qu'elles méritent. Il existe suffisamment de structures
universitaires de qualité en France susceptibles d'accueillir les
bases d'un tel Observatoire. La seule chose qui manque est une
volonté politique pour plus de lucidité.
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