Qu'est-ce qu'une minorité spirituelle ?

Et que lui reproche-t-on ?

par André Tarassi  (janvier 2005) 

Ce que le CICNS désigne par l'expression « minorité spirituelle » est, pour le grand public, une nébuleuse de mouvements divers aux croyances souvent jugées farfelues voire dangereuses. Cette perception floue, savamment entretenue par les médias et les autorités, a permis de stigmatiser les expressions spirituelles les plus récentes depuis plus de 20 ans.

 

Qu'est-ce qu'une minorité spirituelle ?

 

Dans les années soixante, avec l'essor des spiritualités orientales en Occident et une certaine lassitude de la jeunesse à l'égard des religions majoritaires, sur fond de contestation sociale, des groupes se sont formés, cherchant à se libérer des carcans du dogme et des principes ancestraux sur lesquels reposaient la conception de la destinée de l'homme.

 

Une des valeurs qui a volé en éclat est la perception anthropomorphique de Dieu qui dominait chez les pratiquants des grandes religions depuis longtemps. Dieu perdait son statut d'homme supérieur qui surveillerait ses créatures depuis son trône Céleste. Il devenait, de plus en plus, une réalité transcendantale, voire la substance ou le substrat même de l'univers. Ce Dieu est devenu plus accessible, il ne s'agissait plus de Lui plaire et de Le craindre, mais de le "réaliser en soi", comme "en toute chose". 

 

Les courants New-Age, inspirés par les courants mystiques des grandes traditions, invitaient à une "communion" avec le Divin qui a fini par devenir le trait dominant de nombreuses tendances actuelles, même si chacune a développé des caractéristiques propres (souvent en ajoutant à la dimension de la foi un "développement personnel", une psycho-spiritualité, qui a permis en partie de satisfaire le besoin de "comprendre" et "d'analyser").

 

Aujourd'hui, même si nous disons "minorités spirituelles", au pluriel, les différences ne sont pas si grandes de l'une à l'autre, pour la plupart. Elles constituent un tout assez cohérent dans lequel, souvent à son insu, le grand public se reconnaît parfois. 

 

A partir de cette nouvelle perception de l'univers, de cette cosmogonie revisitée, des groupes se créent pour entretenir la flamme de leur quête, autour d'un leader ou d'un livre et tendent à ressentir le monde comme chaotique et en déclin par rapport à leur organisation interne et les principes qui la régissent.

 

Même si cette relation conflictuelle avec "le monde" peut être à l'origine de certaines dérives - largement dramatisées par les activistes antisectes - il reste que l'inspiration à se réunir autour d'une perception commune du destin de l'homme est un phénomène naturel et tout groupe, qu'il soit dit politique, religieux ou de loisirs se constitue de cette même manière. Il ne viendrait à l'idée de personne de dire que toute association est une fuite du monde ou une menace pour la République par exemple.

 

Alors pourquoi tant de haine ?

 

Ce qui a amené un regard différent sur les groupes à vocation spirituelle n'est pas la réalité d'une menace quelconque qu'ils représenteraient plus que d'autres (à part pour les religions établies) mais leur rejet pur et simple, cynique et violent, par un rationalisme dominant aujourd'hui qui utilise certains événements afin de s'attaquer à la recherche spirituelle.

 

Les minorités spirituelles sont statistiquement et résolument inoffensives. Elles sont constituées de personnes sincères, même si ces dernières peuvent parfois être un peu désorientées dans un monde qui a tendance à ne plus rien offrir pour nourrir une vie intérieure autrement que par les fantasmes et les névroses.

 

La criminalité dans les minorités spirituelles est quasiment nulle. Le fléau des gourous est une manipulation par les activistes antisectes d'une réalité qui n'appartient pas du tout aux minorités spirituelles (les leaders de groupes non spirituels pourraient avantageusement s'inspirer de la grande intégrité des leaders spirituels le plus souvent dépourvus des ambitions communes) et la question démagogique de l'argent est une plaisanterie dans un univers associatif persécuté par les administrations et maintenu dans la pauvreté.

 

Une minorité spirituelle est, dans le pire des cas, un groupe de personnes inoffensives qui tente maladroitement de construire un univers parallèle afin de ne pas sombrer dans le désespoir et, dans la plupart des cas, un foyer d'entraide et de réflexion où certaines valeurs perdues dans les égarements de nos sociétés de profit et de mensonge commencent à renaître. Parmi ces derniers, il arrive que certains groupes discrets, qui ne recevront jamais - et refuseraient probablement - la publicité qu'ils méritent, soient même à l'origine de la résurgence d'une vie intérieure plus riche, libre de conditionnements, d'un éveil spirituel qui, s'il fait ricaner les coeurs asséchés, n'en est pas moins une réalité essentielle du destin de l'homme.

 

Ce n'est pas à la criminalité et aux déviances que s'attaque réellement l'activisme antisectes, mais à toute une dimension de la vie ridiculisée, diffamée et violemment malmenée en France par des personnes ou des groupes d'intérêts dont les desseins véritables sont travestis de fausses vertus.

 

C'est cette dimension de la vie, chérie par quelques groupes paisibles en France qui demandent à être respectés, que le CICNS est déterminé à protéger.


André Tarassi est né en 1961, il est le fondateur du CICNS. Chercheur indépendant, il étudie les Nouvelles Spiritualités depuis 25 ans. Il a étudié le journalisme et la télévision aux États-Unis.  Il a publié, sous un autre nom, plusieurs ouvrages sur la démarche spirituelle.

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