Chine et JO : Plusieurs faux-pas préoccupants dans l’application des régulations pour les médias étrangers

Le ministre chinois de la Sécurité publique a appelé les services de sécurité à intensifier la répression contre les "forces hostiles" (sectes religieuses et mouvements séparatistes) pour créer une "société harmonieuse" avant les Jeux olympiques.

22.03.2007 

Reporters sans frontières est très préoccupée par une série d'incidents qui démontrent que certains, au sein de l'Etat chinois, n'ont pas l'intention de respecter les nouvelles règles concernant les journalistes étrangers. En l'espace de quelques jours, une équipe de la BBC a été expulsée d'une ville du Hunan (Centre), le correspondant d'un site basé à l'étranger a été interdit de travail et des médias ont été empêchés de couvrir la récente réunion de l'Assemblée populaire.

"Le gouvernement n'a visiblement pas fait tous les efforts nécessaires pour que la liberté de mouvement et de travail des correspondants des médias étrangers soit réellement assurée. A quoi bon proclamer de nouvelles régulations si elles ne sont pas respectées ? Nous demandons au gouvernement de sanctionner ceux qui empêchent les journalistes de travailler et de rappeler les nouvelles règles à tous les niveaux de l'Etat. Il reste encore beaucoup à faire pour que la liberté de la presse soit garantie avant les Jeux olympiques de Pékin", a affirmé l'organisation.

Par ailleurs, Reporters sans frontières est indignée par les propos de Zhou Yongkang, ministre chinois de la Sécurité publique, qui a appelé, le 19 mars, les services de sécurité à intensifier la répression contre les "forces hostiles" (sectes religieuses et mouvements séparatistes) pour créer une "société harmonieuse" avant les Jeux olympiques.

Le 15 mars, deux journalistes de la BBC World Service, dont James Reynolds, se sont rendus à Zhushan, dans la province du Hunan (Centre), pour enquêter sur les violentes émeutes qui venaient d'y avoir lieu. Les habitants protestaient contre l'augmentation du prix des transports publics. Ils ont pu entrer dans la ville, constater les dégâts et interviewer des habitants. Alors qu'ils tentaient d'en savoir un peu plus sur les rumeurs de la mort d'un étudiant, plusieurs policiers et militaires les ont interpellés. Ils ont été conduits dans une chambre d'hôtel pour être soumis à un interrogatoire. Six officiers les ont questionnés, filmés et photographiés. Deux officiers supérieurs sont ensuite intervenus pour leur reprocher de ne pas avoir obtenu la permission de se rendre à Zhushan. "Vous n'êtes pas aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne. Ici, c'est la Chine," a affirmé l'un d'entre eux. L'un des journalistes leur a expliqué que le gouvernement de Pékin avait adopté une nouvelle réglementation qui permet aux journalistes étrangers de se déplacer librement en Chine. "C'est seulement pour les informations liées aux Jeux olympiques, et je ne crois pas que vous soyez venus ici pour les JO", a rétorqué l'officier.

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Alors même que le Comité organisateur des JO de Pékin a promis une totale liberté pour la presse, les autorités centrales et locales renforcent le contrôle sur les médias chinois. Par exemple, la municipalité de Pingdu, dans la province du Shandong (Est), a ordonné à ses services de tout faire pour réduire au minimum les "reportages négatifs". On assiste également à une multiplication de la censure d'oeuvres intellectuelles. Le 19 mars, une cour de Pékin a rejeté la plainte de l'écrivain et ancien journaliste Dai Huang contre l'Administration générale de la presse et des publications qui a interdit en janvier la réédition de l'un de ses ouvrages. L'écrivain Zhang Yihe a également porté devant les tribunaux l'interdiction de son livre.

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Dix demandes de Reporters sans frontières avant les Jeux olympiques de Pékin :

1. Libération des journalistes, notamment Zhao Yan et Ching Cheong, et des internautes emprisonnés en Chine pour avoir exercé leur droit à l'information. 2. Abolition des articles restrictifs, notamment 14 et 15, du Guide des correspondants étrangers qui limitent la liberté de mouvement des journalistes. 3. Retrait des mesures de censure dans le projet de loi sur la gestion des situations de crise. 4. Dissolution du Département de la publicité (ex-Département de la propagande) qui contrôle quotidiennement le contenu de la presse chinoise. 5. Fin du brouillage des radios internationales. 6. Fin du blocage de milliers de sites Internet d'informations hébergés à l'étranger. 7. Suspension des "11 commandements du Net" qui instituent la censure et encouragent l'autocensure des informations. 8. Abolition des listes de journalistes et militants des droits de l'homme interdits de séjour en Chine. 9. Retrait de l'obligation imposée aux médias chinois de ne pas utiliser sans autorisation les images et les informations des agences internationales. 10. Légalisation des associations indépendantes de journalistes et de militants des droits de l'homme.

L'article complet sur http://www.rsf.org/article.php3?id_article=21397

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