Assauts policiers sur les minorités spirituelles

Les faits

Depuis une vingtaine d'années, dans l’ignorance ou l’indifférence générale, des individus, des familles ou des associations subissent des assauts de la police nationale ou de la gendarmerie d’une grande brutalité à partir de la simple accusation d’être une « secte ».

De violentes perquisitions sont menées tôt le matin, devant des enfants traumatisés et de nombreuses irrégularités se révèlent à chaque fois (voir les affaires ci-dessous).

Les conséquences psychologiques de ce genre d’assaut barbare sont un des aspects les plus douloureux de ces interventions.

Il semble que ces actions en force visent essentiellement à créer une intimidation dans les minorités spirituelles. L’effet est garanti et peu ont le courage de se plaindre ; ils choisissent de laisser le temps panser leurs plaies.

Quelques affaires 

Longo Maï, colline de Limans (Alpes de Haute Provence)

29 novembre 1989, assaut de la communauté agricole Longo Maï. A sept heures du matin, 200 CRS, gardes-mobiles, inspecteurs de la police judiciaire, de la DST et des gendarmes locaux sont déployés, des camions barrent les voies d'accès et deux hélicoptères survolent les lieux. Tout le monde est poussé dehors, en pyjama ou à moitié nu dans le froid, les enfants comme les adultes. Les adultes doivent s'agenouiller, les mains sur la tête, devant leurs enfants, sous la menace des armes. Le matériel de la radio est cassé, tous les bâtiments sont fouillés. On apprendra que le gouvernement a agi sur demande du gouvernement allemand qui suspectait Longo Maï de servir de base arrière aux militants kurdes.  Encore un assaut pour rien...

La communauté Horus (Drôme)

Septembre 1991, cette communauté agraire voit les gendarmes et les médias débarquer sur leur propriété. Le reportage issu de cette journée est une manipulation des faits, comme c'est souvent le cas. Un avocat invité sur les lieux a servi de médiateur afin que l'assaut ne tourne pas au drame. En savoir plus ...

La communauté de La Famille, ex "Enfants de Dieu" (toute la France)

Le 9 juin 1993, dans plusieurs des 30 communautés de la Famille en France, 200 gendarmes ont interpellé 43 membres adultes et 143 mineurs de 3 mois (sic) à 16 ans. Adultes menottés, jetés au bas d'escaliers et traînés sur les graviers. Six ans plus tard, les accusés étaient acquittés (Les membres de la Famille étaient coutumiers des descentes de police, car leurs communautés en ont subi plusieurs au début des années 1990 dans plusieurs pays, avec les mêmes résultats). Il est à noter que ces assauts musclés sur ces communautés se sont déroulés en France au moment même où l'action catastrophique des forces de l'ordre à Waco aux États-unis était largement médiatisée dans le monde entier. En savoir plus ...

Le professeur Beljanski (Isère)

Le 9 octobre 1996, ce médecin de 74 ans voit surgir chez lui plus de 200 gendarmes cagoulés, certains armés de bazookas, des membres du GIGN (pour arrêter 3 personnes !) qui l'emmènent menotté en TGV jusqu'à Pau. L'assaut est décrit par les témoins comme d'une grande violence. Profondément choqué, il va mourir deux ans plus tard et ne sera disculpé des accusations portées contre lui qu'à titre posthume. La France a en effet été condamnée par la Cour européenne des droits de l'homme, pour dépassement du "délai raisonnable" de l'instruction et violation de la Convention européenne des droits de l'homme, compte tenu de l'âge de Mirko Beljanski et de l'atteinte portée à sa réputation de scientifique et au sérieux de ses recherches. En savoir plus ... 

Tabitha's place ("Ordre Apostolique" ou "Les 12 tribus") (Pyrénées-Atlantiques)

Le 7 avril 1997, à la suite du décès d'un enfant, près de 50 gendarmes, 12 médecins et le procureur de la République de Pau investissent la ferme de la communauté afin de "vérifier l'état de santé des enfants" (lors d'un assaut, des bungalows de la communauté ont été détruits au bulldozer). Ils ne trouvèrent aucune trace de mauvais traitement et il n'y eut donc pas de poursuite judicaire en conséquence de cet assaut. En 1996, 30 gendarmes avaient déjà effectué une visite de la même communauté sans rien trouver d'anormal. Les parents de l'enfant décédé ont cependant été condamné en 2001 pour "privations alimentaires et de soins ayant entraîné la mort" (l'enfant avait une malformation cardiaque de naissance que les parents n'avaient pas fait opérer). Voir leur témoignage

Ogyen Kunzang Choling (OKC) (Alpes de Haute-Provence)

30 mai 1997, 150 gendarmes soutenus par deux hélicoptères ("pour éviter toute surprise désagréable", selon le commandant de gendarmerie) investissent par surprise et pendant 6 heures le lieu de résidence d'une communauté proche du bouddhisme tibétain, la propriété de "château de soleils" (même déploiement de forces en Belgique, au même moment, sur la même communauté). Rapidement, des ossements attirèrent l'attention mais "heureusement, un médecin appelé sur les lieux a pu confirmer qu'il ne s'agissait pas d'ossements humains" (!). 30 enfants ont été auditionnés mais personne n'a été emmené par les gendarmes. Un procès en 1996 (après plusieurs mois de prison pour certains d'entre eux) avait abouti à une relaxe de plusieurs membres de la communauté. 

Domaine de Faujas, Docteur Tal Schaller (Drôme)

10 octobre 1997, trois bataillons de gendarmes lourdement armés pénètrent dans la propriété du docteur Christian Tal Schaller que les autorités avaient associé à l'affaire du Temple Solaire parce que le nom de ses éditions s'appelaient "vivez soleil" ! Des véhicules militaires se sont enfoncés aux quatre coins de la propriété pour prévenir des fuites éventuelles de membres de "la secte". Après de multiples interrogatoires sur 6 heures, rien n'a pu être trouvé démontrant qu'il y avait une quelconque activité sectaire de leur part. En savoir plus ...

Écoles Steiner (toute la France)

14 décembre 1999, soixante inspecteurs d'académie de l'Éducation nationale ont boulé dans toutes les écoles Steiner de France. Cette action, qualifiée par certains parents d’élèves de descente (à la même heure dans toute la France : inspection, fouilles, perquisitions) a été très mal vécue. En savoir plus ...

La communauté de Terranova (Aveyron)

Le 20 novembre 2000 à 6h du matin, une petite communauté spirituelle de l'Aveyron a dû subir l'assaut brutal d'une soixantaine de gendarmes lourdement armés. Des séquelles psychologiques sont toujours présentes chez les enfants et les adultes six ans plus tard. La longue liste des accusations s'est révélée sans fondement et les condamnations finales, dérisoires, ne semblent là que pour justifier un tel déploiement de force. En savoir plus ...

La communauté du Mandarom (Alpes de Haute-Provence)

Le 5 septembre 2001, la statue du Mandarom est dynamitée par les forces de l'ordre qui se présentent lourdement armées sur la propriété de la communauté pour évacuer "les fidèles". La communauté a démontré que l'accusation qui lui  était faite d'un défaut de permis de construire pour cette statue était mensongère. En savoir plus ...

Château de la Balme (Haute-Garonne)

Le 17 janvier 2007, 40 gendarmes lourdement armés (mitraillettes, gilets pare-balles et surgissant dans les chambre des enfants dans ces tenues guerrières, selon un résident) investissent le château de la Balme dans la banlieue toulousaine. Un psychologue, Claude David, est dans le collimateur de l'antisectarisme local depuis 15 ans. En savoir plus ...

Domaine de Chardenoux (Saône et Loire)

Le 7 janvier 2010, une vingtaine de personnes et des gendarmes en treillis font irruption tôt le matin dans le domaine de Chardenoux, sécurisant les entrées de la propriété armes au poing. Tout le matériel est emporté. Aucune justification ne sera donnée aux membres de l'association qui doivent subir pendant une journée entière des interrogatoires tendancieux (sur le végétarisme, l'obligation de faire de la gymnastique, ou de porter un uniforme (?)). En savoir plus ...

Centre de biodynamisme à Nyons (Drôme)

Le 22 février 2011, 70 gendarmes, avec la participation de la Cellule d’assistance et d’intervention en matière de dérives sectaires, ont envahi un « Centre d’enseignement de biodynamisme » et placé plusieurs personnes en garde à vue sur la base de rumeurs. En savoir plus ...

Waco, le "modèle" américain (USA)

Le 19 avril 1993, 80 hommes, femmes et enfants périssent dans l'assaut militaire des forces de l'ordre américaine sur une communauté spirituelle au Texas. L'action la plus catastrophique du gouvernement américain sur son propre territoire n'a pourtant servi de leçon à personne. En savoir plus ...

La scandaleuse descente de la MIVILUDES au "Moulin des Vallées" (2009)

Lire l'incroyable récit d'un événement similaire en Roumanie (2004)

Et un autre d'une grande brutalité au Kazaksthan (2006)

Descente policière au Québec « chez les apôtres de l'amour infini » (sans suite) (1999)

Raid chez les « Douze Tribus » en Allemagne (2014)

L'attitude des victimes d'assauts ou de perquisitions musclées 

Le CICNS a pu noter, au fil des témoignages recueillis, que les membres de minorités spirituelles vivaient un véritable traumatisme dans ces situations brutales. La disproportion entre les moyens utilisés par les forces de l'ordre et la réalité quotidienne des victimes de ces assauts produit des chocs aux effets secondaires persistants. Les services de police ou de gendarmerie sont préparés à rencontrer des terroristes et des criminels alors qu'ils ont devant eux des personnes inoffensives et pacifiques. Ce décalage, conséquence directe de la désinformation et de la chasse aux sorcières, est à l'origine de nombreux excès dramatiques.

Cependant, il est utile de préciser que les fonctionnaires de police ou de gendarmerie, et par extension la plupart des fonctionnaires impliqués dans de telles situations, n'ont pas vraiment d'opinion personnelle sur la question des "sectes" et "font simplement leur travail", même s'ils sont souvent victimes de la psychose collective. 

Il est donc souhaitable d'accueillir leurs visites en reconnaissant qu'ils "n'y sont pour rien" et d'engager un dialogue serein avec eux. Dans certains témoignages, le contact humain avec ces personnes a révélé qu'un tel accueil permettait de dédramatiser l'événement alors que les réactions de panique, les cris et les colères avaient pour seul effet d'accroître les hostilités. 

Le CICNS invite les membres de minorités spirituelles à accueillir ces situations, si elles se présentent, comme des occasions d'affirmer sans peur et sans réaction excessive la valeur de leurs choix de vie. De manière générale, l'attitude de "victime" et la tendance à perdre son sang-froid dans des situations révoltantes ne produisent jamais autre chose qu'une aggravation du conflit.

Lire les courriers adressés aux groupements de gendarmerie au sujet des dérapages lors des déploiements de force à l'encontre des minorités spirituelles.

Lire Perquisition et Gardes à vue, ce qu'il faut savoir

Storming Zion : L'enquête de Palmer et Wright sur les descentes policières dans les minorités

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